MEDIAHervé Ghesquière: «Arrêtons de dire que l'international n'intéresse pas les spectateurs»

Hervé Ghesquière: «Arrêtons de dire que l'international n'intéresse pas les spectateurs»

MEDIALe journaliste, retenu en otage en Afghanistan avec Stéphane Taponier puis libéré en juin dernier, répond aux questions de «20 Minutes», alors que France 3 diffuse mercredi soir une émission consacrée à leur captivité...
Propos recueillis par Alice Coffin

Propos recueillis par Alice Coffin

Cinq mois après la libération de Stéphane Taponier et Hervé Ghesquière, «Pièces à conviction» leur accorde, mercredi à 23h sur France 3, une édition spéciale baptisée «Le cauchemar afghan». Présents sur le plateau, les ex-otagesreviendront sur leur captivité. Les images qu’ils avaient tournées avant leur enlèvement seront également diffusées. Une émission entièrement consacrée à l’Afghanistan. Un fait rare. Hervé Ghesquière exprime sa colère quant à l’indifférence des médias pour les conflits internationaux.

Que faites-vous actuellement?

Je travaille maintenant pour «Envoyé spécial». J’ai demandé à ne faire que de l’étranger. J’aimerais d’ailleurs pousser l’équipe à faire encore plus de sujets étrangers. Même si l’émission est en prime-time et qu’il faut donc créer une certaine sauce pour plaire à tout le monde. Heureusement qu’il y a «Envoyé Spécial», ou Arte, ou France 5, ou France 3 pour parler de l’international. Même si cela reste des niches.

Et que cela ne fait pas beaucoup d’audience…

Arrêtons de dire que cela n’intéresse pas les téléspectateurs. Il faut une prise de responsabilité générale. Des rédacteurs en chef, des chaînes de télé. Et des pouvoirs publics.Notre redevance est à moins de 120 euros par an, quand elle est à 210 euros ailleurs. Et bien, moi qui ai beaucoup écouté la radio BBC au fond de mon trou en Afghanistan, on sent qu’ils ont des moyens. RFI a beau essayer, ils n’ont pas les mêmes.

Le reportage coûte très cher?

Cela coûte cher, mais les séries, les téléfilms, les variétés, ce n’est pas donné! Il faut se donner des priorités. J’ai été effaré d’apprendre qu’Europe 1 n’a qu’un seul bureau à l’étranger. TF1 a fermé beaucoup de ses bureaux. Ce n’est pas bon signe. Pendant ce temps là, Al-Jazira vient de s’installer Sarajevo, où je suis actuellement. En France, personne n’en parle. Cela 22 ans que je suis journaliste et que je constate que règne l’ethnocentrisme.

C'est-à-dire?

Quand l’ex-président afghan Burhanuddin Rabbani a été assassiné en septembre, cela a fait dix secondes, sans aucune explication, aucune contextualisation. Le même jour, il y avait quatre minutes sur DSK. La saga DSK est éminemment intéressante, mais je trouve cela déplorable que la presse française ignore totalement ce qui se passe d’essentiel en ce moment.