MEDIASUn détective privé a espionné plus de 90 personnalités pour «News of the World»

Un détective privé a espionné plus de 90 personnalités pour «News of the World»

MEDIASDerek Webb a raconté à la BBC avoir surveillé pendant plus de huit ans, pour le compte du défunt tabloïd, des personnalités comme le Prince William ou encore les parents de Daniel Radcliffe, héros de la saga Harry Potter...
Anaëlle Grondin

Anaëlle Grondin

Voilà de nouvelles révélations qui vont raviver le scandale News of the World. Un détective privé britannique, anciennement policier, a confié à la BBC que le tabloïd, qui a mis la clé sous la porte en juillet dernier, lui a fait suivre plus de 90 personnalités choisies par la rédaction pendant plus de huit ans. Parmi elles se trouvaient des célébrités et des politiques: Angelina Jolie, le Prince William, l’ex du Prince Harry Chelsy Davy, l'ancien procureur général Peter Goldsmith, l’entraîneur de football José Mourinho (anciennement à la tête du club de Chelsea), ou encore les parents de l’acteur d’Harry Potter, Daniel Radcliffe. «Fondamentalement, je devais noter ce qu'ils portaient, dans quel type de véhicule ils circulaient, qui ils rencontraient, à quel endroit, à quelle heure», a expliqué Derek Webb à la BBC. «Je ne savais jamais quand j'allais être sollicité, ils (News of the World, ndlr) appelaient jour et nuit... Cela pouvait être n'importe où dans le pays».

Derek Webb, qui avait reçu un entraînement du MI5 (le service des renseignements intérieurs britannique), affirme avoir commencé à travailler pour News of the World en 2003, peu après avoir monté son agence de détective privé. C’est le tabloïd qui l’a contacté. Le détective privé a poursuivi ces activités d’espionnage pour le journal jusqu’à ce qu’il soit fermé après le scandale des écoutes téléphoniques, cette année. Si Derek Webb a décidé de parler aux médias aujourd’hui, ce n’est en aucun cas par remords ou parce qu’il considère à présent que l’espionnage de ces personnalités était illégal. Le détective privé précise que c’est uniquement parce que News of the World ne lui a pas versé de compensation financière au mois de juillet. «Je n’ai pas honte. Je sais que les vies de certaines personnes ont pu être ruinées à cause de ces histoires qui faisaient la Une… Mais si ce n’était pas moi, quelqu’un d’autre l’aurait fait», a confié l’ancien policier à la télévision britannique.

Une surveillance «profondément inappropriée» mais «pas illégale»

News International, l’entreprise qui possédait le titre, a affirmé mardi qu'elle n'était «pas en mesure de faire des commentaires au sujet du travail spécifique accompli par Derek Webb», rapporte l’agence de presse AP. La veille, elle avait admis avoir espionné deux avocats qui représentent les victimes alléguées des écoutes téléphoniques menées par l’ancien tabloïd et affirmé que cette surveillance était «profondément inappropriée» mais pas illégale. L’un d’eux est Mark Lewis, l’avocat de la famille de Milly Dowler, l’adolescente assassinée en 2002 et dont le téléphone portable avait été piraté par News of the World. C’est précisément cette affaire qui a été à l’origine du scandale et de la fermeture du journal.

Ces révélations interviennent alors que James Murdoch, le fils du magnat de la presse Rupert Murdoch et patron de News International, doit être de nouveau interrogé jeudi par les parlementaires britanniques qui enquêtent sur le scandale.