MEDIASViolences après la diffusion de «Persepolis» en Tunisie: «Des actes isolés»

Violences après la diffusion de «Persepolis» en Tunisie: «Des actes isolés»

MEDIASLe parti islamiste Ennahda refuse d'être associé aux actes de violence qui ont suivi la diffusion à la télévision tunisienne du film d'animation de Marjane Satrapi et Vincent Paronnaud vendredi dernier...
Persépolis, prix du jury ex-aequo au Festival de Cannes 2007 et nommé aux Oscars 2008, est tiré de la bande dessinée éponyme de la Franco-Iranienne Marjane Satrapi. Le film, qu'elle a co-réalisé avec Vincent Paronnaud, montre la répression sous le régime du Chah mais aussi le musellement social, les arrestations et exécutions qui suivirent la Révolution islamique menée par l'ayatollah Khomeiny.
Persépolis, prix du jury ex-aequo au Festival de Cannes 2007 et nommé aux Oscars 2008, est tiré de la bande dessinée éponyme de la Franco-Iranienne Marjane Satrapi. Le film, qu'elle a co-réalisé avec Vincent Paronnaud, montre la répression sous le régime du Chah mais aussi le musellement social, les arrestations et exécutions qui suivirent la Révolution islamique menée par l'ayatollah Khomeiny. -  AFPTV
A.G.

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Le long-métrage Persepolis, prix du jury au Festival de Cannes 2007, a provoqué l’ire d’islamistes vendredi, alors qu’il était diffusé sur la chaîne de télévision tunisienne Nessma. Une diffusion suivie par un débat sur l’intégrisme religieux. Dimanche, après un appel au rassemblement via les réseaux sociaux, 300 personnes se sont réunies devant le siège de la chaîne privée et ont tenté de l’incendier pour avoir diffusé le film d’animation. «Nous sommes habitués aux menaces, mais ce qui est grave c'est que cette fois-ci, ils sont passés aux actes», a souligné le président de Nessma, Nebil Karoui, auprès de l’AFP.

Une représentation de Dieu dans le film d’animation

L’œuvre de la Franco-Iranienne Marjane Satrapi, qui montre la répression exercée par le régime iranien de l’ayatollah Khomeiny et dénonce le musèlement social, offre une scène en particulier qui a déplu à ces manifestants, dont dix ont été arrêtés: l’héroïne du film imagine Dieu en vieil homme barbu. Une atteinte à la morale et à l'interdiction de représenter l’être suprême dans l'islam.

Samir Dilou, un membre du bureau politique du mouvement islamiste Ennahda, a souhaité démarquer le parti politique de ce mouvement. Il a expliqué au journal libanais L’Orient-Le jour qu’il s’agissait là d’«actes isolés». «Si les gens ont des critiques à faire contre Nessma, ils doivent s’exprimer dans la presse, pas utiliser la violence», a-t-il ajouté. Un message important pour le parti islamiste à l’approche des élections des membres de l’assemblée constituante le 23 octobre prochain.

«Nous continuerons à diffuser les films qu’on veut»

De son côté, la chaîne Nessma ne capitule pas face à ces menaces. «Nessma est la chaîne moderniste du Maghreb, on ne se laissera pas intimider et nous continuerons à diffuser les films qu'on veut. On n'a pas chassé une dictature pour revenir à une autre», a assuré Nebil Karoui à la presse. La preuve, Persepolis doit être rediffusé ce mardi soir en Tunisie.

En mars 2008, le film d’animation avait été interdit au Liban car il avait déplu à un proche du Hezbollah. Une interdiction levée quelques jours plus tard après les vives critiques des milieux culturels et politiques libanais.