MÉDIASScandale «News of the World»: David Cameron s'engage à réformer la presse

Scandale «News of the World»: David Cameron s'engage à réformer la presse

MÉDIASne annonce faite en toute hâte, alors que son ancien directeur de la communication a été arrêté ce vendredi dans le cadre de l'enquête sur les écoutes illégales du tabloïd...
B.D. avec Reuters

B.D. avec Reuters

L’affaire News of the World s’étend au monde politique. La police britannique a annoncé ce vendredi que l’ancien directeur de la communication du Premier minitsre David Cameron, Andy Coulson, rédacteur en chef de News of the World de 2003 à 2007, a été arrêté à Londres dans le cadre de l'enquête sur les écoutes illégales et une tentative de corruption.

Déjà soupçonné, il avait démissionné en janvier dernier de son poste auprès du Premier ministre. Ce dernier, s’exprimant lors d’une conférence de presse provoquée à la hâte, a affirmé qu'il «assumait totalement» l'embauche à son service du journaliste en 2007. Coulson avait assuré à l'époque ne rien savoir des écoutes.

Autre rebondissement, l'ancien responsable de la couverture de la famille royale pour News of The World, Clive Goodman, incarcéré quatre mois début 2007 pour des écoutes illégales, a été interpellé ce vendredi, soupçonné cette fois d'avoir versé des pots-de-vin à des policiers. Une perquisition a par ailleurs été menée ce vendredi après-midi dans les locaux du Daily Star, un tabloïd appartenant à l'homme d'affaires Richard Desmond, également dans le cadre d'une enquête sur des écoutes, a-t-on appris de source proche de la police.

Un nouveau système de régulation de la presse

Lors de la conférence de presse de ce vendredi, David Cameron a promis de mettre en place un nouveau système de régulation de la presse. «Il nous faut un système (de régulation) entièrement nouveau», a-t-il déclaré, évoquant un organisme «totalement indépendant» des journaux comme du gouvernement qui préserverait un «équilibre entre le droit au respect de la vie privée et l'intérêt public». Cet organisme devrait pouvoir commencer son travail dans les prochains mois, a-t-il poursuivi.

Lors d'une visite à Paris, le vice-Premier ministre britannique, le libéral Nick Clegg, a également jugé que l'actuelle commission de régulation de la presse devait être remplacée. Déjà mis en cause ces dernières années dans des affaires d'écoutes illégales de personnalités, News of the World est accusé d'avoir piraté les messageries téléphoniques de milliers de personnes en Grande-Bretagne. Un cas très précis, celui de Milly Dowler, une adolescente enlevée et assassinée en mars 2002, a provoqué l'émoi en Grande-Bretagne.

La démission de Rebekah Brooks dans la balance

David Cameron a souligné qu’une enquête publique serait menée sur les délits imputés à News of The World, en plus des investigations de la police. «Ce scandale ne concerne pas seulement quelques journalistes dans un seul journal, a-t-il martelé. Je dirais même qu'il ne s'agit pas que de la presse. Il s'agit aussi de la police et de la façon dont fonctionnent la politique et les hommes politiques.»

Il n'a pas non plus ménagé l'ancienne rédactrice en chef de News of The World, Rebekah Brooks, l’une de ses proches , qui a affirmé qu'elle ignorait tout des pratiques délictueuses de ses subordonnés. Agée de 43 ans, Rebekah Brooks est actuellement à la tête de la branche presse écrite du groupe Murdoch en Grande-Bretagne. Elle devait s'adresser dans la journée au personnel de News of the World, un titre vieux de 168 ans dont la disparition, annoncée jeudi, va entraîner 200 suppressions d'emploi.

David Cameron a précisé avoir entendu dire que Brooks avait proposé sa démission à sa hiérarchie. «Moi, je l'aurais acceptée», a-t-il souligné. Le gouvernement a en outre annoncé qu'il tiendrait compte de la décision de News Corp dans son examen de l'offre de 14 milliards de dollars lancée par le groupe Murdoch pour racheter la chaîne BSkyB, numéro un de la télévision payante en Grande-Bretagne, afin d'en évaluer l'impact potentiel sur le pluralisme des médias.