MEDIAS«Carré ViiiP»: «TF1 a pris ses téléspectateurs pour plus stupides qu'ils ne sont»

«Carré ViiiP»: «TF1 a pris ses téléspectateurs pour plus stupides qu'ils ne sont»

MEDIASTF1 a arrêté l'émission, arguant de trop mauvaises audiences. Virginie Spies, sémiologue et spécialiste de la télévision, analyse l'échec pour 20minutes.fr...
Vue d'ensemble de Carré Viiip, nouvelle émission de TF1
Vue d'ensemble de Carré Viiip, nouvelle émission de TF1 - TF1
C.P.

C.P.

La télé-réalité «assumée», c’était une mauvaise idée?

Les téléspectateurs n’en veulent manifestement pas. C’est la première fois que ce genre se présente, c’est une sorte d’émission ultime, une télévision autophage, qui se mange elle-même. Les spectateurs s’amusent avec la nouveauté, on ne peut pas leur ressortir de vieux candidats et les remettre dans de nouvelles émissions en permanence, en appelant ça un concept.

Mais le recyclage n’est-il pas inhérent à la télé, et à la téléréalité en particulier?

Si, mais pas n’importe quel recyclage. Prendre Moundir et le faire passer de «Koh Lanta» à «L’aventurier de l’amour» c’est une chose: c’est la même personne, pour un autre emploi. Des gens comme Giuseppe ou Cindy ont été choisis pour rejouer des personnages que l’on avait déjà vus. Qu’ils couchent ensemble était prévisible. TF1 a pris ses téléspectateurs pour plus stupides qu’ils ne sont.

Endemol a estimé que c’est «l’humour, le décalage de “Carré VIIP”» qui n’ont pas pris, et mis en cause le «contexte d’actualité très lourd»…

Je pense que c’est le format qui posait problème. La surexplication sur ce que c’est que d’être VIP, la théorisation de la célébrité, la volonté de donner un sens, cela fatigue le public. Mais en plus c’était une surexplication factice. Et le public n’avait rien à faire. Dans «Secret Story», il y a un secret à trouver, dans «Qui veut épouser mon fils?», un suspense… Là ce n’était que du vide.

Les mauvaises audiences justifiaient-elles l’arrêt de l’émission?

Il y avait les mauvaises audiences mais c’était aussi un problème en termes d’image. Pour les annonceurs, qui achètent des plages publicitaires pendant l’émission, non seulement il n’y a pas l’audience, mais ils surfent sur un mauvais buzz. C’est une double peine qui ne pouvait pas durer.