Canal+ condamné pour diffamation dans un documentaire sur les rumeurs du web
TELEVISION•Le tribunal de Nanterre a rendu sa décision jeudi...Avec agence
Le tribunal correctionnel de Nanterre a condamné jeudi Canal+ et la société de production Tac Presse pour diffamation après la diffusion en 2008 d'un documentaire consacré aux rumeurs sur internet.
Rumeurs, intox: les nouvelles guerres de l'info, c’était le titre de ce documentaire qui mettait en parallèle les rumeurs propagées sur le web à propos du 11-Septembre et une controverse sur Internet concernant un reportage en 2000 du journaliste de France 2 Charles Enderlin sur la mort d'un enfant palestinien.
La juxtaposition avait été jugée diffamatoire par l'un des auteurs de cette controverse, Philippe Karsenty, directeur de l'agence de notation des médias Media-ratings, qui avait saisi la justice après la diffusion du reportage. Il s’estimait atteint dans sa réputation.
Les magistrats de la 1ère chambre du tribunal correctionnel de Nanterre ont donné raison à Philippe Karsenty, estimant que «les pièces versées aux débats démontrent un manque d’objectivité exclusif de la bonne foi alléguée» par l'auteur du documentaire, Stéphane Malterre.
Honneur et diffamation
«Le fait imputé à Philippe Karsenty de falsifier l’information (...) dans le cadre d’un mouvement d’opinion extrémiste et radical et de répandre ainsi une rumeur ne reposant sur aucun élément tangible porte incontestablement atteinte» à son honneur, ont ajouté les juges, en ordonnant la publication du jugement dans trois journaux.
Le 22 novembre 2004, Philippe Karsenty avait qualifié sur son site Internet de «supercherie» le reportage de Charles Enderlin, où l'on voyait un Palestinien de 12 ans, Mohammed, perdre la vie dans la bande de Gaza lors d'un échange de tirs entre l'armée israélienne et des activistes palestiniens. Poursuivi pour diffamation par France 2, il a été relaxé en 2008, la cour reconnaissant sa «bonne foi» tout en estimant que ses propos portaient «atteinte à l’honneur et à la réputation des professionnels de l’information». France 2 a porté l'affaire devant la Cour de cassation.