«Carlos» voit très grand avec le petit écran
MEDIAS•Projection ce mercredi à Cannes et diffusion, le même soir à 20h45 sur Canal +, du film d'Assayas...Alice Coffin
Des images du terroriste Carlos, il y en a déjà eu beaucoup à la télévision. La prise d'otages à l'ambassade de France à La Haye, celle des ministres de l'Opep, le meurtre de deux policiers français de la DST pour lequel il a été depuis condamné à perpétuité... Entre 1974 et 1994, date de son arrestation, Illich Ramirez Sanchez, de son vrai nom, occupa bien souvent le petit écran. Il y revient à partir de ce mercredi soir, sur Canal+ sous les traits d'Edgar Ramirez, dans un téléfilm en trois parties signé Olivier Assayas.
Ce «portrait d'une des plus grandes figures du terrorisme international» est pour Fabrice de la Patellière, directeur de la fiction de la chaîne cryptée, «une entreprise gigantesque, un projet fou, un film unique». Immanquablement, «Carlos» marque un tournant dans les rapports entre production télévisée et cinématographique.
Casting anonyme et polyglotte
D'ailleurs, cette mini-série produite et diffusée par une chaîne est, grande première, projetéece mercredi à Cannes (hors compétition). «Pour moi la télé était le monde de la contrainte, et pourtant si j'avais fait “Carlos” au cinéma, explique Olivier Assayas, je n'aurais jamais eu une telle liberté. C'est un peu comme un film de cinéma impossible.» Car au-delà de sa promo hors norme, «Carlos» a bénéficié d'un budget de 14 millions d'euros, soit trois fois plus que le budget moyen d'un film français. Nécessaire, dixit le producteur Daniel Leconte, pour financer plus de cinq heures de fiction et raconter, vingt ans de terrorisme en Grande-Bretagne, au Liban et en France. Car, poursuit-il, «la trajectoire de Carlos c'est celle de toute une époque avant la chute du mur de Berlin, d'une génération entre bloc soviétique, Moyen-Orient et illusions post-soixante-huitardes».
Mêmes largesses pour le casting. Très international. «Pour incarner mes 120 personnages – Syriens, Libanais, Allemands, ou encore Soudanais –, je voulais des acteurs qui s'expriment dans leur langue, souligne Olivier Assayas. C'est une liberté qu'on n'a plus au cinéma.» Il n'a pas été contraint, non plus, de choisir une vedette pour interpréter Carlos. Tant mieux. Car pour son metteur en scène, Edgar Ramirez, acteur vénézuélien, «est aussi la raison d'être du film, je ne voyais personne d'autre que lui». Le véritable Illich Ramirez Sanchez n'est évidemment pas tout à fait d'accord. Les spectateurs, eux, devraient, l'être.