« La danse, c'est beau à regarder, mais c'est presque infilmable, confie Cédric Klapisch, car on ne sait pas pourquoi c'est beau. » Le cinéaste signe pourtant un documentaire télévisé, lauréat d'un Fipa d'or au festival de Biarritz, sur l'étoile de l'Opéra de Paris Aurélie Dupont, ce soir sur France 3. Un mois après celui qu'Arte a consacré à Sylvie Guillem. « Le portrait de danseur est en train de devenir un genre à part entière », se réjouit Bernard Rémy, de la Cinémathèque de la danse. Ce n'est pourtant pas un genre nouveau : en 1968, Maurice Béjart en consacrait un à Jorge Donn, intitulé simplement Le Danseur. « J'ai filmé chaque pas dans un angle propice aux pas, affirmait Béjart à l'époque, et avec ces pas, fait ma chorégraphie par le montage. »

« Suggérer la magie de la danse par des moyens cinématographiques », c'est ce que préconise Bernard Rémy et que réussit Cédric Klapisch. Le cinéaste revendique « suspense et émotion » dans un film riche en scènes d'action parfois douloureuses -en témoignent les traces de doigts du partenaire d'Aurélie Dupont sur ses jambes. C'est aussi « un film sur la féminité », comme le qualifie le réalisateur qui n'a pas hésité à filmer son interprète pendant et juste après sa grossesse. « C'était le souhait d'Aurélie, précise-t-il, faire en sorte que son portrait ne soit pas aseptisé. » Dans son film sur Sylvie Guillem, la réalisatrice Françoise Ha Van va plus loin dans l'idée de rendre sa géniale interprète plus humaine et accessible, « en faisant ressortir la peur induite par ses prises de risques. Et en insistant sur les moments où elle ne danse pas, car c'est là qu'elle se révèle le plus. » W

Stéphane Leblanc

Aurélie Dupont, l'espace d'un instant, ce soir à 22 h 40 sur France 3 et en DVD le 11 mars (MK2).

Guillem sur le fil, disponible en DVD (Deutsche Grammophon).