Croisez les écrans et multipliez les expériences
L'époque est trans. On a à peine eu le temps de se familiariser avec le multimédia (oh ! de la vidéo ! Ouééé, du son, youpi de l'infographie, et le tout mêlé en plus). On venait tout juste de comprendre le cross-média (toi télé, moi Web, ensemble on ...Anne Kerloc'h
L'époque est trans. On a à peine eu le temps de se familiariser avec le multimédia (oh ! de la vidéo ! Ouééé, du son, youpi de l'infographie, et le tout mêlé en plus). On venait tout juste de comprendre le cross-média (toi télé, moi Web, ensemble on peut faire de grandes choses) que le chic créatif est passé au transmédia. Question de simple terminologie ? Question d'esprit, souvent.
« Dans le transmédia, la narration est pensée dès le début pour circuler sur tous les écrans, raconte Bénédicte Lesage, productrice chez Mascaret Films. Il ne s'agit pas de créer un site Internet pour faire du buzz sur une série télé. » Actuellement elle développe plusieurs projets, dont Jamel et Zak pour Arte, histoire située dans les quartiers populaires bordelais avec le collectif Kprod. Et, pour une chaîne historique, Numerus clausus, thriller en milieu médical « L'idée n'était surtout pas : on fait une Web-série et si ça marche, elle va sur la télé ! On a cherché à dispatcher la narration », insiste Brice Holms, coauteur avec Alexis Nolent de Numerus Clausus. Sur Internet, par exemple, « on privilégie l'instantané, le court, des films qui montreront des personnages secondaires, d'autres points de vue pour semer des indices ». Ou une scène de bizutage « filmée façon téléphone portable ».
Pour Bénédicte Lesage, « la fiction française s'est figée, a vieilli et a chassé le public jeune. Là, on retrouve des élans créatifs, de l'audace, des libertés de narration fabuleuses. » Et un esprit ludique, le transmédia se nourrissant du jeu vidéo. Ainsi que des ARG, jeux en réalité alternée, cultivant l'ambiguïté entre réel et virtuel, semant par exemple des indices dans la ville ou par textos. Dans ces histoires à arborescence et ces narrations savamment éclatées, les auteurs, voire les story architect, comme on les désigne parfois, créent souvent au carrefour de plusieurs univers. Alexis Nolent, de Numerus clausus, est ainsi auteur de BD sous le pseudo de Matz, scénariste, et travaille chez Ubisoft, boîte de jeux vidéo.
C'est cette liberté et ses cassages de frontières que recherche le Transmédia Lab d'Orange Vallée. Il a retenu Numerus clausus parmi ses cinq projets de l'année, sur 72 dossiers (lire encadré) Pour Nicolas Bry, son directeur, « le but, c'est d'offrir un univers beaucoup plus riche au spectateur, un émerveillement, en tirant partie de tous les usages des écrans ». Un émerveillement qui, selon lui, n'est pas près de s'arrêter. « Si on nous a présenté 72 projets cette année, ce seront des centaines de projets transmédias que nous verrons éclore dans quelques années. Le mariage des réseaux et des contenus est fait pour durer. » Croisez-vous... W