Strip-Tease, c'est aussi de bons délires

Strip-Tease, c'est aussi de bons délires

Un conflit de voisinage autour d'un tas de fumier. Des insultes échangées de part et d'autre d'une barrière. Ces images pourraient figurer dans la séquence spéciale « La guerre des voisins », régulièrement diffusée dans le « Sans aucun doute » de TF1...
Alice Coffin

Alice Coffin

Un conflit de voisinage autour d'un tas de fumier. Des insultes échangées de part et d'autre d'une barrière. Ces images pourraient figurer dans la séquence spéciale « La guerre des voisins », régulièrement diffusée dans le « Sans aucun doute » de TF1. Elles appartiennent en réalité, à Fumiers, un des films de la nouvelle saison de « Strip-Tease ». Loué pour ses qualités documentaires, « Strip Tease » est aussi très apprécié pour le côté « énorme », « culte », « trop fort » de ses personnages, à l'instar d'autres émissions comme « Confessions intimes », dont les extraits les plus croustillants sont vus, revus et commentés sur Dailymotion. Une internaute note même à propos des protagonistes du film Radio Chevauchoir diffusé dans Strip-Tease en 2000 : « Une famille d'animateurs que même TF1 ne pourrait jamais s'offrir. »

Que ses personnages soient objets de railleries, voire de parodies sur Internet, n'amuse pas franchement Jean Libon, le producteur. « C'est comme ça depuis le début, et ça me désole. Le regard de ces téléspectateurs-là est malveillant, mais je ne vais pas mettre mon poing sur la gueule à tous ceux qui pensent que les gens qu'on filme sont des imbéciles. » Un jugement que beaucoup avaient porté sur Jean-Claude, doux allumé persuadé qu'il arriverait un jour à décoller dans l'espace et héros du film Le Perroquet et la Soucoupe, sujet le plus célèbre de toute la collection. « C'est un épisode sur 880, poursuit Jean Libon, mais je regrette qu'on l'ait diffusé car cela donne une mauvaise image. Certes, cet homme est déphasé, mais de là à autant imiter ce film et s'en moquer, je ne comprends pas... » Florence D'Athuys, réalisatrice de Fumiers, conçoit, elle, « qu'on ait envie de se poiler. Et puis c'est aussi la faute de certains auteurs de la collection, qui ont trop chargé leurs personnages. De toute façon, il y a plusieurs niveaux de lecture. Certains vont penser qu'on se fout de la gueule des gens, d'autres davantage décrypter. » Une binarité qui tiendrait « au double positionnement de l'émission », dixit Annabelle Klein*, professeur de communication à l'Université de Namur : "Strip-Tease", c'est à la fois du documentaire et un transfuge de la téléréalité. Ce programme est, au niveau télévisuel, un mélange des genres assez unique. » Et ça fait dix-sept saisons que ça dure. W

* Auteur d'un mémoire sur l'émission.