MEDIALe «New York Times» a loupé le scoop du Watergate

Le «New York Times» a loupé le scoop du Watergate

MEDIALe quotidien américain affirme avoir découvert le scandale de l'ère Nixon avant qu'il n’éclate dans les pages du «Washington Post»...
Sandrine Cochard

Sandrine Cochard

Trente-sept ans après, le quotidien américain «The New York Times» revendique la primauté d’un scoop qu’il n’a jamais sorti. Le journal a affirmé lundi qu'un de ses journalistes avait eu vent le premier du scandale du Watergate. Avant que le «Washington Post» ne publie l’histoire. Retour sur un raté.

Démission de Nixon


En juin 1972, les locaux du parti démocrate, situés dans l'immeuble du Watergate, à Washington, sont visités. Les cambrioleurs tentent d'installer des micros dans les bureaux pour espionner le parti démocrate pendant la campagne présidentielle. Ils seront ensuite retrouvés, interpellés et déclarés coupables. FLe 10 octobre 1972, une enquête, menée par deux journalistes du «Washington Post», prouvera l’implication de l’administration du président en place à l’époque, Richard Nixon. Celui-ci sera contraint à la démission, en 1974, après le tollé provoqué par ses révélations. Bob Woodward et Carl Bernstein, les deux journalistes tombeurs de l’homme le plus puissant des Etats-Unis, entrent alors dans l’histoire. Un film avec Robert Redford et Dustin Hoffman, «Les hommes du président», retracera même leur enquête.

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Voici l’histoire telle qu’on la connaît depuis 1972. Pourtant, le «New York Times» a décidé d’apporter lundi un complément d’information à cette version. Deux mois après l’étrange «cambriolage», donc avant les révélations du «Washington Post», Robert Smith, un journaliste du quotidien, déjeune avec le directeur du FBI de l'époque, L. Patrick Gray. Celui-ci lui révèle une affaire de corruption qui touche la Maison Blanche. «Il m'a dit que le ministre de la Justice était impliqué dans l'étouffement» de l'affaire du Watergate, se souvient Smith. «J'ai demandé: "jusqu'où cela remonte-t-il? Jusqu'au président?" Il est resté assis, m'a regardé et n'a pas répondu. Sa réponse se trouvait dans son regard», affirme encore le journaliste.


Raté


Flairant le scoop, Robert Smith se hâte d’avertir son journal. Il parle de cette révélation à un rédacteur en chef du «New York Times», Robert Phelps, qui enregistre leur conversation et prend des notes. Mais l'histoire en restera là. Quelques jours plus tard, le journaliste quitte le quotidien pour poursuivre des études de droit à l'université. Quant au rédacteur en chef, qui a été le premier à révéler cet épisode dans ses mémoires parues en avril dernier, il s’offrira un voyage de plusieurs mois aux confins de l’Alaska. Qu’est-il arrivé à ses notes, à sa cassette? Pourquoi ne pas avoir approfondi l’enquête? «Je l’ignore», explique Phelps, aujourd’hui âgé de 89 ans, tout en assumant sa part de responsabilité dans ce raté.


Cette révélation n’en est pas moins retentissante. Si les propos des journalistes du «New York Times» sont exacts, cela signifierait que les dirigeants du FBI de l'époque avaient sciemment organisé des fuites. Une stratégie confirmée par Mark Felt, directeur adjoint du FBI, qui a révélé en 2005 être «Gorge profonde», la source secrète des journalistes du «Washington Post». De quoi relancer les fanatiques de théorie du complot.