Frédéric Taddeï: «Démystifier le rapport à l'art»
INTERVIEW•Alors qu'Arte propose dimanche une nouvelle émission sur l'art, le présentateur et créateur de la mini-série culturelle à succès «d'Art d'Art», explique comment traiter l'art à la télévision...Propos recueillis par Sandrine Cochard
La peinture a décidément la cote à la télévision. Après les célèbres «Palettes», diffusée par Arte fin 2007, et «D’art d’art», diffusée sur France 2, une nouvelle émission consacrée à la peinture arrive dimanche, à 20h15, sur Arte. Intitulée «Grand'Art», cette nouvelle collection se déclinera en quatre documentaires hebdomadaires de 26 minutes décryptant les œuvres de Lucian Freud, Ingres (comme portraitiste), Ingres encore (comme peintre de nus) et Titien. Une nouvelle émission présentée et réalisée par l’historien et critique d’art Hector Obalk. Frédéric Taddeï, présentateur et créateur de la mini-série culturelle à succès «d’Art d’Art», nous explique les contraintes propres aux émissions d’art.
Est-ce facile de filmer des tableaux?
Non, c’est très difficile car certains sont sous verre, ce qui crée des reflets, et certains ont un éclairage, que n’auraient parfois pas voulu le peintre, qui joue sur les couleurs. Au final, les couleurs ne sont pas les mêmes entre la toile d’origine et sa reproduction, à la télévision ou dans un livre. A cela s’ajoute le problème du regard. L’œil du téléspectateur est toujours guidé par les choix du réalisateur. Ce n’est pas vous qui choisissez où regarder, c’est toute la difficulté de l’exercice.
Hector Obalk affirme que «la peinture à la télé, c'est souvent mieux qu'au musée». Partagez-vous son opinion?
Non, pour moi, la peinture s’apprécie mieux en vrai. A la télévision, comme sur un livre, il ne s’agit que d’une reproduction. Néanmoins, ces émissions permettent à beaucoup de personnes, qui ne se seraient pas déplacées dans un musée, d’être en contact avec la peinture.
Comment intéresse-t-on le grand public à l’art?
Il faut informer, divertir et enseigner des choses aux téléspectateurs, comme avec n’importe quelle autre émission, qu’elle soit politique ou de décoration. C’est pourquoi il est important d’être inventif et ambitieux tout en fournissant des efforts pour être intelligible. Avec «d’Art d’Art», on prend les gens par surprise. L'idée, c'est de démystifier le rapport à l'art, de raconter une anecdote.
L’art à la télévision est-il plus intéressant si on le survole rapidement?
La durée ne détermine pas l’intérêt d’une émission mais son public. Mon émission dure 1’30. On me dit parfois qu'il faudrait cinq minutes au moins. Mais si elle était plus longue, je ne toucherais pas autant de monde, le public serait différent et concentrerait sans doute plus d’amateurs d’art. Alors que là, l’émission est destinée au grand public et rassemble en moyenne 6 millions de téléspectateurs.
Regarder un tableau est une activité contemplative. Quelle place donner aux commentaires?
On pourrait effectivement imaginer une émission muette mais les commentaires apportent tout. Ils contextualisent et expliquent l’œuvre.
d'art d'art jacques Linard
Etes-vous un adepte des émissions d’art? Quels avantages vous apportent-elles?