Nouveaux remous autour de la réforme de l'audiovisuel public

Nouveaux remous autour de la réforme de l'audiovisuel public

TELEVISION – Une tribune publiée dans «Le Monde», un appel dans «le Nouvel Observateur»...
Les salariés de l'audiovisuel public se mobilisaient mardi contre un projet de loi réformant leur secteur, et supprimant notamment la publicité sur France Télévisions, quelques heures avant le début de son examen à l'Assemblée nationale.
Les salariés de l'audiovisuel public se mobilisaient mardi contre un projet de loi réformant leur secteur, et supprimant notamment la publicité sur France Télévisions, quelques heures avant le début de son examen à l'Assemblée nationale. - Bertrand Guay AFP/Archives
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Ça urge. Ce jeudi, la réforme de l’audiovisuel public n’a que 7 articles sur 56 adoptés après deux semaines de débats à l’Assemblée nationale, là où le projet de loi est débattu.


Qu’importe, le secrétaire d'Etat chargé des Relations avec le Parlement, Roger Karoutchi, a annoncé que le projet serait inscrit à l'ordre du jour du Sénat le 7 janvier. Et le gouvernement pense avoir recours à un décret pour faire passer la suppression de la publicité sur les écrans de France Télévisions dès le 5 janvier. Sans voter la loi, donc.


La majorité a beau vouloir accélérer le rythme, les remous ont désormais lieu à l’extérieur des murs de l’Assemblée nationale.


Tribune


Dans une tribune publiée jeudi par «Le Monde», les neuf membres du bureau de la SDJ (société des journalistes) de France 2 se déclarent «humiliés» par la nomination du président de France Télévisions par le président de la République.


Une nouveauté adoptée la semaine dernière qui «met à mal», selon la SDJ, la démocratie en France. D’autant que ce même patron de France Télévisions pourra être révoqué, toujours par l’exécutif, en cours de mandat. «La catastrophe programmée se réalise: la télévision publique n'aura plus la capacité de résister au pouvoir du chef de l'Etat», assurent les journalistes de France 2.


Les propos tenus par Nicolas Sarkozy n’auront pas suffi à rassurer: «Je ne veux évidemment pas mettre la télévision à ma botte. Je ne suis pas naïf», a-t-il déclaré mercredi, selon des propos rapportés par des députés UMP reçus à l'Elysée.


Même au sein de la majorité, la réforme ne fait pas l’unanimité. Le député-maire de Troyes, François Baroin, ex-journaliste, a ainsi prévenu le chef de l'Etat qu'il s'abstiendrait sur une réforme «qui te reviendra comme un boomerang» et dont «tu n'avais pas besoin». Quant au président UMP du Sénat, Gérard Larcher, il a, lui, douté de l'utilité d'un décret.


La fronde s’organise


Autre symptôme de la discorde autour de cette réforme: «le Nouvel Observateur» publie un «appel des 500» demandant au chef de l’Etat de retirer le projet de loi sur l'audiovisuel ou, au moins, de «l'amender profondément pour en corriger les vices et les excès».


Une demande conforme aux vœux de l’opposition qui a promis de se battre «comme des chiens, jusqu’au bout» en faisant de l’obstruction parlementaire (suspensions de séance à tout va, discours à rallonges, motions de censure, etc.)


Parmi ces 500 signataires, figurent les noms du réalisateur Bertrand Tavernier, de Laure Adler, ancienne directrice de France Culture, de l'actrice Annie Duperey, de l'ancien ministre socialiste de la Culture, Jack Lang, de Guy Seligmann, président de la Société civile des auteurs multimédia (SCAM), et de la productrice Fabienne Servan-Schreiber.


En tête de leur appel, ils interpellent Nicolas Sarkozy: «La réforme de l'audiovisuel que vous avez entreprise fait peser sur le service public la menace d'une régression profonde.» Eux aussi déplorent le nouveau mode de nomination directe des patrons de l'audiovisuel public, qui «va au rebours de l'histoire».