JOURNALOPELes méthodes de la presse «people» pour couvrir le feuilleton Hallyday

Testament de Johnny Hallyday: Révélations, «scoop» et coups bas… La presse «people» est prête à tout pour sortir des infos sur «l’affaire de la décennie»

JOURNALOPEPlusieurs médias ont mis en place des organisations exceptionnelles pour débusquer des informations inédites à propos du testament de Johnny Hallyday…
Benjamin Chapon

Benjamin Chapon

L'essentiel

  • Depuis que le testament de Johnny Hallyday a été contesté par deux de ses enfants, Laura Smet et David Hallyday, il ne se passe pas un jour sans qu’une nouvelle révélation ou témoignage ne vienne alimenter le feuilleton médiatique.
  • Dans les rédactions de journaux people, les journalistes se sont organisés pour décrocher des informations exclusives.
  • Les journaux sont très offensifs et investissent temps et argent pour espérer décrocher le Graal : une interview de Laeticia Hallyday.

Le feuilleton du testament de Johnny Hallyday vous passionne. Inutile de nier, on a les chiffres… Depuis que Laura Smet a contesté, par voie de presse, le contenu de la succession de son père, à la fois sur le plan juridique et moral, on ne compte plus les rebondissements et les réactions outrées des différents camps, ou clans.

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Dans les rédactions de journaux people, l’affaire est suivie au jour le jour et la course au scoop est impitoyable. Le chef de service d’un grand hebdomadaire people a confié à 20 Minutes travailler quotidiennement au sujet : « La première chose que je fais le matin, c’est faire un point là-dessus avec les journalistes du service. On investit beaucoup d’énergie et d’argent sur cette affaire. C’est le plus gros sujet que j’ai eu à traiter de ma carrière. »

Des médias en mode commando

Dans un autre hebdo people, même son de cloche. « Tout semble fade en comparaison avec l’affaire du testament, explique une journaliste qui enquête depuis plus de dix ans sur les people français. Cette histoire est formidable, il y a tout et surtout, il y a des répercussions multiples, on a de quoi faire un article par jour jusqu’à la fin de l’année… »

Pour alimenter leurs pages et nourrir la curiosité des lecteurs, ces médias ont mis les bouchées doubles dans le domaine de l’investigation. « Les sites people font des cartons d’audience en se contentant de reprendre nos infos, mais nous… (on va), on va les chercher à l’ancienne, avec les dents, rigole le chef de service du grand hebdo people. On a une dizaine de personnes sur le coup. Il y a des contacts qu’on relance quotidiennement pour avoir des infos. Il ne faut pas tomber dans le harcèlement non plus mais on a la hantise de travailler au corps un contact pendant des jours et que ce soit un confrère qui ramasse la timbale… »

La pêche au scoop

Depuis le début de l’affaire, mis à part le procès intenté par Laura Smet et David Hallyday qui réclame un droit de regard sur le futur album posthume de leur père, le feuilleton est surtout alimenté par les réactions de proches de la star. « Il y a plusieurs types d’infos, explique l’enquêtrice d’un journal people. Le plus simple c’est de recueillir le témoignage d’un intime de Johnny sur l’affaire. Il y en a encore plein qui n’ont pas parlé… Moi j’en ai recueilli plusieurs que je ne peux pas sortir pour plusieurs raisons. Souvent à cause des avocats… On ne peut pas se fâcher avec la Terre entière. »

Simple en apparence, le fait de dénicher un témoignage de proche sur l’affaire Hallyday est en réalité une prouesse qui réclame patience et doctorat en psycho. « Il ne faut pas les effaroucher. Le titre de mon média effraye souvent les gens. Il faut les mettre en confiance, ne pas se montrer avide ni les presser. Il faut les convaincre que donner leur opinion relève du devoir moral en mémoire de Johnny… Pour que ce soit efficace, on travaille sur plusieurs pistes à la fois. Tous les matins, je vais à la pêche en appelant une dizaine de contacts. » Et parfois, la pêche est bonne. « J’ai un témoignage sous le coude, c’est une bombe atomique mais on hésite à le sortir… Déjà c’est hyper diffamatoire et on prendrait un sale procès. Mais surtout, ça nous fâcherait définitivement avec Laeticia. »

La presse premium

Et se fâcher avec Laeticia, ce n’est pas une bonne idée. Parce que LE coup ultime sera de décrocher son interview. « Ma théorie c’est qu’elle va parler assez vite, croit savoir le chef de service. Tout le monde pense que ça sera au JT ou dans une émission de TF1 mais j’ai constaté que depuis le début de l’affaire, les protagonistes privilégient la presse. C’est plus confortable, les avocats peuvent relire, et on gère mieux le tempo. Les avocats sont hyper crispés sur la propagation des infos sur les réseaux sociaux. Leur hantise, c’est de voir leurs clients craquer et balancer quelque chose sur Instagram sous le coup de la colère. Et dans ce contexte, les conseillers en image préfèrent que les choses sortent de manière concertée dans les médias. »

Les quotidiens aussi sont sur le coup pour décrocher une interview exclusive, comme celle de Mamie Rock, la grand-mère de Laeticia. Une journaliste de la rubrique faits divers d’un grand quotidien régional nous explique que « le service Culture vient me voir tous les jours pour me demander des conseils juridiques ou de méthodes d’enquête. Ils ne sont pas habitués à aller dégotter des informations et des témoignages qui ne leur tombent pas tout cuits… »

« C’est notre 11 septembre. »

Dans ce contexte, l’ambiance n’est pas franchement confraternelle et les médias sont en compétition permanente. « Notre titre se doit de sortir des scoop sur cette affaire, s’angoisse le chef de service de l’hebdo people. On s’est payés les services de détectives spécialisés dans les affaires liées aux testaments. On en a aux États-Unis, en France et en Suisse. On a aussi nos avocats et conseillers juridiques qui sont à fond sur le dossier. Je n’avais jamais vu ça, un tel niveau d’implication à tous les étages du journal. C’est notre 11-Septembre. »

Mais passée l’excitation de la chasse au scoop reste l’inquiétude que tout cela finisse mal. « On pressurise des gens qui, tout de même, vivent un deuil. Il faut réussir à rester raisonnable dans nos méthodes d’investigations. Ma crainte, c’est que la prochaine étape soit un délit, peut-être grave. Certains médias mettent une telle pression sur leurs journalistes que j’ai peur qu’ils ne fassent une bêtise comme une falsification de témoignages ou un vol de documents… Les enjeux sont énormes en tout cas. »