POLEMIQUEDéparts, critiques de sa ligne éditoriale, Le Média est dans la tourmente

Eviction de la rédactrice en chef, départ de Noël Mamère et couverture du conflit syrien: Le Média dans la tourmente

POLEMIQUEAprès que Le Média, webtélé fondée par des proches de Jean-Luc Mélenchon, a décidé de se séparer d’Aude Rossigneux, rédactrice en chef du JT, c’est Noël Mamère qui a quitté à son tour la chaîne…
Anissa Boumediene

A.B.

L'essentiel

  • La rédactrice en chef du Média, fondé par des proches de Jean-Luc Mélenchon, a été limogée.
  • Dans la foulée de son départ, Noël Mamère a lui aussi quitté la rédaction.
  • L’ex-député écologiste a expliqué sa décision de quitter Le Média par solidarité pour la journaliste évincée, mais aussi à cause de la couverture du conflit syrien par la chaîne, qu’il ne cautionne pas.

Le Média n’a qu’un mois, mais il connaît déjà sa première crise profonde. Fondée par deux proches de La France insoumise, parmi lesquels Sophia Chikirou, ancienne directrice de la communication de Jean-Luc Mélenchon, la webtélé est secouée par une vague de polémiques.

Tout a commencé avec l’annonce du départ d’Aude Rossigneux, la présentatrice du JT, remerciée selon ses dires de manière « brutale ». Mais une controverse autour de la ligne éditoriale de la chaîne couvait de son côté et le tout s’est (pour l’instant) conclu sur le départ de Noël Mamère, qui a annoncé lundi son départ du Média. Retour sur une chronique en plusieurs étapes.

  • La ligne éditoriale du Média remise en question

Tout démarre vraiment jeudi avec les révélations de la cellule enquête de Radio France, qui publie une enquête sur le financement de la campagne de Jean-Luc Mélenchon, sur fond de soupçons de surfacturation, d’ailleurs contestés par l’intéressé. Les médias s’en font l’écho le jour même, mais pas Le Média, qui n’en fait pas mention durant son JT du soir.

Vendredi, c’est le traitement du conflit syrien par la chaîne qui est sujet à controverse. Le correspondant libanais du Média, Claude El Khal, refuse de diffuser les images des bombardements de la Ghouta orientale, en Syrie, et parle de meurtres commis par la rébellion. Une position défendue par Sophia Chikirou, cofondatrice de la chaîne et directrice de la communication de Jean-Luc Mélenchon pendant la campagne présidentielle.

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Lundi, un autre cofondateur du Média, Gérard Miller, a balayé ces remises en cause d’un revers de tweet, assurant qu’il préparait un sujet sur les comptes de campagne de Jean-Luc Mélenchon et « pourquoi pas [un autre] sur la Syrie », dans un message posté sur Twitter huit jours après le début des bombardements qui ont fait des centaines de morts à la Ghouta, indiquant que « Le Média est un incroyable espace de liberté. Sans totem ni tabou ! »

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D’ailleurs, « les comptes de campagne de Mélenchon, c’est un sujet qu’on compte aborder et qui a été abordé en conférence de rédaction, le jour même, confirme sous couvert d’anonymat un membre de la rédaction du Média. Il a été question d’en parler ou pas. Et à la suite des premiers éléments de l’enquête recueillis en interne, on a estimé que ce n’était pas le moment. »

  • L’éviction d’Aude Rossigneux

Propulsée « rédactrice en chef » en septembre alors qu’elle était la seule journaliste, Aude Rossigneux avait abandonné ce titre à la faveur de l’arrivée d’une douzaine de collègues, se fondant dans un « fonctionnement horizontal et autogéré ». Samedi, soit un mois après sa création, Le Média annonce se séparer de la présentatrice de son JT. Une annonce qui a bouleversé l’intéressée. « L’annonce de mon éviction du journal et de mon licenciement du Média m’a assommée au point que je n’étais pas en mesure de répondre comme je l’aurais voulu », a ainsi écrit la journaliste dans une lettre. « Ça fait longtemps qu’il y a des conflits, des problèmes autour du cas Aude Rossigneux, confie anonymement un membre de la rédaction. Il y a eu plusieurs réunions entre elle et la direction pour trouver un nouveau périmètre à son poste. Quand elle dit que tout ça lui est tombé sur la tête avec brutalité, ce n’est clairement pas vrai. Elle le savait très bien, cela faisait des semaines que le climat était extrêmement tendu. »

Avant Noël, la journaliste se serait vu signifier qu’elle ne resterait pas rédactrice en chef du Média. « Ça ne collait pas, poursuit son ex-collègue. [La direction] n’était pas d’accord sur ses façons de faire, avec l’équipe surtout. Du coup, il lui a été proposé de présenter le journal. Elle a accepté et elle semblait plutôt contente de ce rôle au début, mais sa présentation n’a pas tellement été appréciée, du coup les tensions sont revenues », poursuit le journaliste, qui précise que ses collègues sont « tous encore en période d’essai ».

Dans une impasse, la direction propose alors à Aude Rossigneux de cesser la présentation du JT et d’animer une émission bimensuelle sur la santé. Pourtant, l’intéressée annonce son éviction au début du week-end. « Ça a été interprété comme une fuite organisée, comme une volonté de déclarer la guerre », commente son ex-collègue.

La réponse tombe sans tarder. Dès le lendemain, la rédaction du Média publie sur Twitter un communiqué en réponse à Aude Rossigneux. « Les journalistes du Média, tout en remerciant Aude Rossigneux pour le travail accompli avant et pendant le lancement du titre, ne se reconnaissent pas dans la description qu’elle dresse de la rédaction et du Média. Ils déplorent avoir été instrumentalisés dans un règlement de comptes dont la finalité est d’habiller un départ », peut-on lire dans le communiqué.

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Et dans un mail – confidentiel – adressé à ses socios (ceux qui financent le pure player), les fondateurs du Média accusent la journaliste d’avoir cherché à déstabiliser la rédaction.

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  • Le départ de Noël Mamère

Il était la « caution ouverture » du Média, l’incarnation du fait que, non, Le Média n’est pas l’organe d’information de La France insoumise. Mais Noël Mamère a claqué lundi la porte de la webtélé. L’ex-cadre EELV a annoncé dans un bref communiqué sa démission du Média, affirmant qu’il quittait la chaîne de la même façon qu’il y était entré, « en homme libre ».

Première raison de son départ, l’éviction d’Aude Rossigneux. « J’ai accepté de collaborer au Média en homme libre et je le quitte en homme libre, a-t-il déclaré en début de semaine sur France Culture. C’est ainsi que, depuis sa création, j’y ai exercé mon métier de journaliste : ni pressions, ni censure dans le choix de mes invités et des thèmes abordés », affirme l’ex-député écologiste de Gironde. « Mais aujourd’hui, je suis face à une situation qui remet en cause ma participation : d’une part, la confrontation publique autour de l’éviction d’une journaliste de la rédaction », a-t-il expliqué. « Noël Mamère est arrivé au Média grâce à Aude Rossigneux, c’est un ami personnel de sa famille. Il a été pris dans un conflit de loyauté, ce qui est tout à son honneur, c’était compliqué pour lui de rester », confie Aude Lancelin, journaliste au Média.

Mais Noël Mamère a aussi indiqué que son départ était motivé « d’autre part, [par] le traitement du conflit syrien dans le JT du 23 février. (…) Malgré ma sympathie pour les initiateurs de ce projet et pour ceux qui le font vivre avec dévouement, mon retrait n’est que la conséquence naturelle de la situation présente », a-t-il affirmé, ajoutant qu’il « n’accepte pas qu’on établisse un parallèle dans le conflit syrien meurtrier, entre les responsabilités du "boucher de Damas" et celles de ses opposants ».