VIDEO. Elle ne peut pas suivre Edouard Philippe chez L'Oréal, une journaliste de France 3 pousse un coup de gueule
JOURNALISME•Edouard Philippe, et Bruno Lemaire, en visite sur le site de production L'Oréal de Lassigny dans l'Oise, ont laissé une journaliste à la porte. Cette dernière a dénoncé le fait qu'elle ne pouvait pas faire son travail...C.B.
«Vous savez ce que c’est ça, ce petit bout de plastique ? Ça n’a l’air de rien, eh bien c’est ma carte de presse. Grâce à elle, je fais tous les jours des reportages, je rends compte de ce que j’ai vu sur le terrain. Mais aujourd’hui, à Lassigny, elle ne m’a servi à rien. » C’est, après cette introduction sans détours, que Marie Roussel, journaliste à France 3, a décidé de dénoncer le fait qu’elle n’ait pas pu suivre le Premier ministre Edouard Philippe et le ministre de l’Economie Bruno Lemaire dans l’usine l’Oréal de Lassigny dans l’Oise.
Dans sa vidéo de presque deux minutes, la journaliste explique en détail les raisons pour lesquelles elle aurait voulu entrer dans les lieux pour suivre le ministre. « J’étais censée vous raconter la visite d’Edouard Philippe chez L'Oréal. Problème : Sans pouvoir y assister. » D’un ton très calme, la journaliste poursuit, pince-sans-rire : « C’est vrai que les ateliers sont un peu exigus, l’entreprise ne fait que 45.000 m2. »
« Cela s’appelle de la communication, pas du journalisme »
La journaliste poursuit : « Mais qu’à cela ne tienne, L’Oréal avait tout prévu : Ce joli livret sur papier glacé avec plein de photos de rouges à lèvres et de shampooing à l’intérieur qui m’explique […] que L’Oréal est un modèle d’excellence sociale et sociétale. » Pour démontrer en quoi sa présence était indispensable, elle replace cette citation dans un contexte bien ancré dans le réel : « Moi, j’aurais bien aimé savoir comment les 475 salariés de Lassigny voient leur avenir au-delà de ces annonces. Ils travaillent aujourd’hui de plus en plus avec des robots […]. C’est évidemment un progrès technique, mais c’est aussi, selon les syndicats, une source de stress et d’isolement plus grand. »
Le reportage avorté se conclut par un rappel que Marie Roussel a trouvé nécessaire : « Rappelons ce qu’est un reporter, étymologiquement : C’est celui qui rend compte de ce qu’il a vu. Or, de cette visite, je n’ai rien vu. Matignon et le groupe l’Oréal verrouillent tout. Cela s’appelle de la communication, pas du journalisme. » Une mise au point très claire qui, espérons-le, permettra aux journalistes de mieux faire leur travail auprès d’un gouvernement qui les tient de plus en plus à distance.