Thierry Gilardi, la «bouillotte» professionnelle

Thierry Gilardi, la «bouillotte» professionnelle

PORTRAIT – Disparu à 49 ans, le journaliste sportif oscillait entre coups de sang et fous rires...
Alice Antheaume

Alice Antheaume

«On le surnommait la bouillotte». A Canal +, où Thierry Gilardi a travaillé 17 ans (de 1987 à 2004), Michel Denisot, interrogé à 20minutes.fr, se souvient encore des coups de sang du journaliste sportif, disparu mardi, à 49 ans, des suites d’une crise cardiaque. «Thierry avait un sacré caractère et était assez chaud avant les directs, raconte-t-il, mais dès qu’il prenait l’antenne, il parvenait à faire baisser sa température.»


Gilardi n’était pourtant pas un caractériel, mais un «insatisfait par passion», précise Michel Denisot. «Au boulot, ses exigences étaient permanentes: il voulait toujours une statistique de plus sur un joueur, un micro mieux placé, un cadrage plus net.»


Toujours plus


La précision du détail: l'obsession de Thierry Gilardi, dont les collaborateurs affirment qu’il était «journaliste avant d’être journaliste sportif» et que «l’information l’intéressait plus que le simple commentaire». D’ailleurs, «durant un an, il avait pris les rênes de l’information du matin sur LCI, rappelle Etienne Mougeotte, ancien directeur de TF1 aujourd'hui au Figaro, saluant la «grande culture» de Gilardi, diplômé de Sciences Politiques, et son «énorme curiosité».


«Il n’en avait jamais assez», lance Michel Denisot. «ll pouvait parler de n’importe quel sport pendant des heures, sourit Alexandre Bompard, directeur des sports de Canal+, qui n’est pas prêt d’oublier l’une de ses performances pendant les JO d’Athènes de 2004: celui-ci avait en effet réussi à «tenir une tranche horaire de 12h d’affilée, en dérivant, avec la même passion et la même émotion, le prestigieux 100m comme le geste d’un Slovène en tir à l’arc».


L’amour des sports de ce petit-fils d'Italiens remonte à son enfance à Saint Germain en Laye, assure Arnaud Pericard, un ami de longue date, dont les parents étaient amis avec ceux de Gilardi. «De 1977 à 1982, sa mère Giselle Gilardi a été l’adjointe de mon père, Michel Péricard, l'ancien maire de Saint Germain, précise-t-il. Nos familles partaient en vacances ensemble. Et quand j’avais 8-9 ans, c’est Thierry qui m’a appris à skier, lui qui avait douze ans de plus que moi.»


L'autre passion de Gilardi, c'est le rugby. Dans les années 80, il jouait arrière dans l’équipe de la ville, le Stade Saint Germanois Rugby Club, aux côtés du futur international Franck Mesnel. «Ses copains de rugby de l’époque sont restés ses amis d’aujourd’hui, reprend Arnaud Pericard, car Thierry portait en lui les valeurs du rugby et était d’une extrême fidélité en amitié.»

Coach sportif


Devenu président de ce même club dans les années 90, il n’hésitait pas à dorloter les joueurs qui avaient des états d’âme. Sous sa présidence, le club est monté en fédéral 3, se souvient Péricard, qui jouait alors dans l’équipe. «Avant le match décisif, dans les vestiaires, il avait dit quelques mots pour souder l’équipe. Il avait insisté pour qu’on prenne du plaisir en jouant entre copains, et pof, on avait gagné!».


Ce parrain de la Fondation Abbé Pierre «était extrêmement généreux, débordant même, dit encore Michel Denisot. Et en même temps, on avait de ces fous rires, toujours quand il ne fallait pas évidemment… pendant une réunion très sérieuse ou à l’antenne.»


Thierry Gilardi n’habitait plus à Saint Germain mais à Montfort l’Amaury, dans les Yvelines. Et sur son bureau trône encore la photo de Zidane, qu’il transportait partout avec lui.