JUSTICEMathieu Gallet condamné à un an de prison avec sursis

Favoritisme à l'INA: Mathieu Gallet condamné à un an de prison avec sursis

JUSTICEMathieu Gallet va faire appel de sa condamnation, selon ses avocats...
Laure Beaudonnet

L.Be. avec AFP

Mathieu Gallet a été condamné lundi à un an d’emprisonnement avec sursis et 20.000 euros d’amende pour « favoritisme » lorsqu’il dirigeait l’Institut national de l’audiovisuel (INA). Il va faire « immédiatement appel » de cette décision, ont annoncé ses avocats.

Matthieu Gallet, qui a présidé l'INA entre 2010 et 2014, a également écopé d'une amende de 20.000 euros. Le tribunal correctionnel de Créteil s'est montré plus clément que le parquet, qui réclamait 18 mois de prison avec sursis et 40.000 euros d'amende.

Un domaine qui lui « était totalement inconnu »

« Compte-tenu des conditions dans lesquelles l'enquête et l'audience se sont déroulées, la décision du tribunal n'est pas une surprise, ont réagi ses avocats Christophe Ingrain et Rémi Lorrain, à la sortie du tribunal correctionnel de Créteil. Nous faisons immédiatement appel pour que la Cour examine ce dossier avec sérénité et dans le respect des droits de la défense. »

Avant que le jugement soit rendu, Matthieu Gallet avait fait savoir par voie de presse qu'il ne démissionnerait pas de Radio France en cas de condamnation. Il compte aller au terme de son mandat à la maison ronde, prévu en mai 2019.

Le haut fonctionnaire de 41 ans est soupçonné d'avoir « favorisé » deux sociétés de conseil, auxquelles l'établissement public a commandé plus de 400.000 euros de prestations. Lors de son procès, Matthieu Gallet avait avoué n'avoir « jamais été confronté à ces questions de marchés publics », un domaine qui lui « était totalement inconnu ». Il avait rejeté la faute sur « les équipes en place à l'INA », qui ne lui ont pas transmis de « signaux d'alerte » sur la nécessité d'un appel d'offres.

Un « coach personnel » à 5.000 euros par mois

Le premier volet de l'affaire concernait l'entreprise Balises de son consultant Denis Pingaud. Ce professionnel de l'audiovisuel était utilisé par l'INA comme « conseiller externe ». Rémunéré 5.000 euros par mois, il a perçu 130.000 euros hors taxes. Un total qui aurait dû forcer l'établissement de Bry-sur-Marne (Val-de-Marne) à mettre sa société en concurrence, pour respecter la réglementation des marchés publics.

La procureure, Amélie Cladière, avait estimé que Denis Pingaud servait de « coach personnel » à Matthieu Gallet, financé « avec de l'argent public », notamment pour lancer sa candidature à la direction de Radio France. Un scénario « au minimum insultant, au pire diffamatoire », avait rétorqué Matthieu Gallet, en détaillant les missions de son conseiller : écrire des discours, accompagner plusieurs projets de l'INA, dont la refonte du site internet, conseiller l'établissement sur sa stratégie.

Second volet de l'affaire, un contrat de 2013 entre l'INA et la société de conseil Roland Berger Strategy, pour 289.000 euros hors taxes. L'entreprise avait été choisie après un appel d'offres « trop court » et Matthieu Gallet avait faussé la concurrence en prévenant ce prestataire dès 2010 que l'INA aurait besoin de fusionner deux directions, selon la procureure.

Ses avocats défendent, eux, la régularité de cette procédure: les sociétés avaient cinq jours pour envoyer leur « fiche d'identité » à l'INA, mais disposaient de plusieurs semaines pour formuler une véritable offre commerciale.