MEDIASMort de Lady Diana: «Les paparazzis ont fait leur métier»

Mort de Lady Diana: «Les photographes ont fait leur métier», plaide «le roi des paparazzis»

MEDIASAprès la mort de Diana Spencer, Dodi Al-Fayed et du chauffeur de la Mercedes Henri Paul, beaucoup ont accusé les paparazzis d’être responsables de l’accident. Vingt ans après, deux pros de la photo se souviennent…
Un graffiti sur le pont de l'Alma, en septembre 1997.
Un graffiti sur le pont de l'Alma, en septembre 1997. - RICLAFE/SIPA
Fabien Randanne

Fabien Randanne

«J’étais sur les Champs-Elysées quand un collègue m’appelle pour me dire que la voiture de Diana s’est crashée. J’arrive au pont de l’Alma, les secours sont là. Je prends dix photos et je file à l’agence [KCS Press]. Mais à 5 h du matin, on apprend que Lady Di est morte, alors on retire les clichés du marché, par respect. Les JT commencent à dire que des paparazzis ont tué Diana : le rouleau compresseur est lancé. » Il y a dix ans, le photographe Fabrice Chassery se remémorait ainsi pour 20 Minutes la tragique nuit du 31 août 1997.

Le « rouleau compresseur » dont il parle, c’est la curée médiatique dont ont été la cible les paparazzis, tenus par beaucoup pour responsables de la mort de Diana Spencer, de son compagnon Dodi Al-Fayed et d’Henri Paul, le chauffeur de la Mercedes qui s’est encastrée dans un pilier. « Les gens qui ont provoqué l’accident sont les mêmes qui ont pris des photos d’elles sur la banquette arrière », s’indignait le prince Harry il y a encore quelques jours.

« Les paparazzis ont été totalement disculpés », rétorque à 20 Minutes le photographe Pascal Rostain qui, cette année, a cosigné le livre Qui a tué Lady Di ? dans lequel il révèle que la voiture accidentée était « une ancienne épave accidentée qui n’aurait jamais dû être remise en circulation. Le chauffeur habituel du véhicule – qui ne pouvait pas parler à l’époque – nous a expliqué que cette bagnole, au-delà de 60 km/h, elle ne tenait pas. »

« Les photos n’étaient pas insoutenables »

« Les photographes ont fait leur métier, je défendrai toujours ces gens-là », déclare de son côté Daniel Angeli, longtemps surnommé « le roi des paparazzis ». Il raconte à 20 Minutes : « Christian Martinez, l’un des photographes de mon agence, est arrivé plusieurs minutes après l’accident. Il a prévenu les secours. Il a pris des photos, qui ont été saisies, mais je les ai vues : elles n’étaient pas sanguinolentes ni insoutenables. Si cela s’était passé en Angleterre, elles seraient sans doute sorties, avec quelques précautions. Christian a été mis en examen quelques jours plus tard. Je me souviens avoir versé une caution de 100.000 francs pour lui. »

En 1999, les photographes poursuivis pour « homicides et blessures involontaires » et « non-assistance à personnes en danger » ont bénéficié d’un non-lieu. En revanche, Christian Martinez et deux autres photographes ont été condamnés en 2006 à verser un euro symbolique à Mohammed Al-Fayed pour avoir pris des photos de l’accident.

« Les cameramen aussi se prenaient des pierres dans la rue »

Retour en 1997. Daniel Angeli se souvient que « les JT de TF1 décrivaient les paparazzis comme une bande d’assassins ». « Claire Chazal et Patrick Poivre-d’Arvor [journalistes de la première chaîne à l’époque], qui s’estimaient par ailleurs victimes de la presse people, ont été particulièrement virulents envers nous », appuie Pascal Rostain. Le photographe note que les critiques ne visaient pas seulement les photographes : « Les cameramen aussi se prenaient des pierres dans la rue. L’ironie, c’est que le public qui jetait l’opprobre sur la profession est celui qui est client de ce genre de presse. Et puis, il faut rappeler que c’était de l’actu. »

Effectivement, le « feuilleton Diana Spencer – Dody Al Fayed », comme le nomme Daniel Angeli, « a occupé toute une saison ». « J’ai été le premier à découvrir leur liaison », assure celui qui se trouvait, quelques semaines avant le tragique accident, à Saint-Tropez, lieu de villégiature du couple. « On voyait Lady Di défiler sur la digue en maillot de bain léopard, c’était une provocation qui visait le prince Charles [dont elle avait divorcé un an plus tôt]. Comme on dit dans le jargon, "elle donnait", elle était demandeuse de ces photos. Je dis cela car elle était d’ordinaire difficile à suivre parce qu’encerclée par les gardes du corps. Fin août, au Ritz, il y avait quatre ou cinq photographes qui l’attendaient. C’est une situation qu’elle a voulue et ça s’est mal terminé. »

« On a toujours été montrés du doigt, mais on n’a jamais fait grand mal »

Le drame n’a pas laissé les paparazzis indemnes. Selon Daniel Angeli, « Christian Martinez a été très marqué par l’événement. Je pense qu’il ne veut pas en parler publiquement. » Fabrice Chassery affirmait quant à lui il y a dix ans que cela « a plutôt renforcé [sa] passion ». D’autres, comme le déclare Pascal Rostain, « ont arrêté le métier ».

Y-a-t-il eu un avant et un après 31 août 1997 dans la profession ? Pas vraiment, juge Pascal Rostain : « Les gens consomment toujours autant de presse people, et tous les journaux de L’Express à L’Obs en font. On est dans le "peopolitique" ». « On a toujours été montré du doigt, mais on n’a jamais fait grand mal, plaide Daniel Angeli. On a permis de fixer des images incontournables aujourd’hui. »