25 ans qu’elle nous tourne dans la tronche (ça, c’est pour les Xennials, les plus jeunes ont été moins exposés). La musique de la publicité de Speedy, composée en février 1992, fête ses 25 ans. Pour l’occasion, la marque organise une opération spéciale pour choisir le remix idéal de sa rengaine : « Va donc, va donc chez Speedy, Speedy ! »

Le responsable s’appelle Marc Hillman. Compositeur d’une cinquantaine de musiques de pub dans les années 1990, il est aussi l’heureux papa de la mélodie de Tu m’oublieras, de Larusso. « La Sacem me verse une petite rente mensuelle, c’est vrai… Mais nous autres compositeurs, on a des carrières bizarres, un peu en montagnes russes, comme les écrivains. »

Un jingle sparadrap

Aujourd’hui âgé de 62 ans et devenu auteur, Marc Hillman a commencé sa carrière de compositeur en 1975. « J’ai composé des musiques pour Dalida, Daniel Guichard, Régine… A partir de 1982, j’ai commencé à faire des musiques de pubs. C’était une forme de mécénat à l’époque. Toutes les marques voulaient leur propre musique. »

Pourtant, de toutes ses musiques de pub, seule celle de Speedy, co-composé avec Patrick Roffé, a traversé les âges jusqu’à nous. « C’est le seul de mes jingles à avoir eu cette pérennité. La plupart du temps, un jingle dure deux ou trois ans, pas plus. Celui de Speedy, il était prévu pour deux ans. Finalement, d’années en années, ils l’ont gardé. En 2001, ils ont essayé d’en changer mais ça n’a pas marché. Alors ils m’ont appelé pour me dire "On va repartir pour un tour avec ta musique !" C’était une bonne nouvelle pour moi. »

La belle époque

Marc Hillman garde un bon souvenir de ses années pub : « Aujourd’hui, il n’y a presque plus de musiques originales dans les publicités. Les annonceurs préfèrent acheter les droits de morceaux existants, déjà connus. C’est un peu dommage, et plus cher pour les marques en plus. »

Quand il était l’un des piliers du métier, Marc Hillman discutait parfois avec ses collègues compositeurs : « C’est toujours intéressant de voir comment les autres travaillent. Mais il n’y a pas vraiment de recette. Une musique de pub, ça doit être racoleur, ça doit rentrer dans la tête des gens et devenir presque subliminal. Pour des produits un peu glamours, comme des parfums, je me suis parfois permis des musiques en mineur, plus mélancoliques. Mais pour des produits d’entretien par exemple, il vaut mieux des musiques plus positives. »

Do, Sol, La, Mi

Mais qu’est-ce qui fait qu’un jingle devient un tube générationnel comme ceux de Dim ou Danette ? « Oh ben ça, c’est le mystère irrationnel de la création… Il y a quand même des musiques de pubs géniales. Celles de Richard Gotainer par exemple. A part lui, les compositeurs de pub restent anonymes. Moi, ça me va. »

Pour Speedy, Marc Hillman s’est inspiré du cœur de métier des garages Speedy : « Au départ, j’ai pensé au son un peu métallique des balais de charleston pour faire référence au métal des pots d’échappement et des carrosseries. Ça m’a inspiré cette musique un peu jazzy. »