Journalisme: Un quart des titulaires de la carte de presse a un statut précaire
ECONOMIE•Le Baromètre sur l'emploi des journalistes était présenté ce jeudi à Tours...20 Minutes avec AFP
Voilà des statistiques qui vont réjouir ceux qui adorent vilipender les journalistes. Le nombre de titulaires de la carte de presse a baissé l’an passé. Il était de 35.238 fin 2016, soit 690 de moins que douze mois plus tôt, selon les chiffres de la CCIJP, la commission qui délivre cette carte. Plus du quart d’entre eux ont un statut précaire (pigiste ou demandeur d’emploi).
Ces chiffres font partie de ceux qui sont cités dans le Baromètre sur l’emploi des journalistes présenté ce jeudi aux Assises du journalisme, à Tours.
L’étude révèle aussi que plus de la moitié (54 %) des premières demandes de cartes de presse provient de femmes. Un signe que le métier tend à se féminiser car, tous titulaires confondus, les femmes représentent 46 % des effectifs.
Des carrières de quinze ans en moyenne
Les Jean-Pierre Elkabbach et autres Olivier Mazerolle font figure d’exception dans la profession. Les carrières de journalistes durent en moyenne 15 ans, selon des données fournies par la chercheuse Christine Leteinturier. L’étude cite l’exemple du Midi Libre où « parmi la grosse quarantaine de partants on observe des projets de créations de médias, des reprises d’études, des projets professionnels vers d’autres secteurs… »
Il y a aussi un aspect mécanique dans le recul du nombre de carte de presse délivrées : le profil des nouvelles recrues dans les médias change. Elles doivent souvent avoir des compétences multisupports et ne peuvent pas toujours prétendre au statut de journaliste et aux avantages qui y sont liés (droits d’auteur, clause de cession…).
Les « voltigeurs »
« Lors de PSE [plans de sauvegarde de l’emploi] et plans de départs volontaires s’exprime clairement l’intention de faire partir les journalistes de médias traditionnels au profit de nouveaux profils : "experts" dit-on à La Voix du Nord. Ceux-ci sont-ils journalistes ? », s’interroge le sociologue spécialiste des médias Jean-Marie Charon, auteur de l’étude qui cite également l’exemple des nouvelles recrues du groupe La Dépêche, des « "voltigeurs", devant passer d’une rédaction à l’autre ».
Parallèlement à cela, les « pure players » continuent de monter en puissance et d’embaucher : Mediapart emploie ainsi 45 journalistes en CDI et le Huffington Post 30.