TERRORISMEAttentat d'Orlando: Les médias français ont-ils eu peur du mot «gay»?

Attentat d'Orlando: Les médias français ont-ils eu peur du mot «gay»?

TERRORISMEAu lendemain de la tuerie à Orlando, l’absence des termes « gay » ou « homophobe » à la Une de nombreux journaux français, a suscité la polémique…
Clio Weickert

Clio Weickert

Après avoir fait « allégeance » au groupe Etat islamique, un Américain identifié comme Omar Mateen, a tué 49 personnes et en a blessé 53, à Orlando, dans un night-club gay. Au « Pulse » pour être plus précis, une discothèque emblématique de la communauté LGBT en Floride.

Mais si au lendemain de la tuerie, tristesse et colère étaient partagées aux quatre coins du monde, en France, une polémique est née. La cause ? L’absence ou le peu de visibilité en Une de certains grands journaux de l’hexagone, des mots « gay » ou « LGBT » accolés à celui de la discothèque, ou du mot « homophobe » pour qualifier l’attaque du terroriste. « Nuit d’horreur en Floride » a titré le Parisien, « Orlando, nouvelle plaie béante » pour Libération, ou encore « Attentat islamiste à Orlando, la terreur et la haine » pour Le Figaro.

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L’un des seuls journaux à avoir osé faire mention du caractère homophobe dans sa Une ce lundi, le journal Sud-Ouest, a titré « Un massacre homophobe lié à Daesh ».

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« Au vu des informations que l’on possédait, le lieu était évidemment identifié, et la cible homosexuelle nous apparaissait très claire » a expliqué Olivier Plagnol, chef de rédaction à Sud-Ouest Bordeaux. « Ce qui nous a fait réfléchir a plutôt été le lien avec Daesh ».

Si certains autres de ces quotidiens ont tout de même mentionné le terme « gay » dans le chapo de la couverture, le manque de clarté a indigné plus d’un lecteur. Tabou, gêne, prudence, les médias français ont-ils eu peur des mots ?

Une information accessoire ?

Dans sa revue de presse ce lundi matin sur France Culture, Nicolas Martin n’a pas pesé ses mots. « Il est assez surprenant quand on regarde le panorama des Unes de la presse française ce matin de constater à quel point il y a un grand absent (…) pas un grand titre qui inclut cette information, qui n’est pourtant pas accessoire… cette discothèque, ce club… c’est un club gay », écrit l’auteur. « Le fait que ce soit la communauté homosexuelle qui ait été visée par cet attentat est donc a priori, une information accessoire, pas essentielle, pas de celle que l’on met dans les gros titres », poursuit-il. Une omission que Nicolas Martin nomme « invisibilisation », « assez inconsciente » selon ses termes, « un peu comme si au lendemain des attaques de Charlie Hebdo, la presse avait évoqué des attentats contre des bureaux ».

Une absence qui selon lui, n’est pas vide de sens. « Il y a toujours une certaine gêne à parler publiquement de l’homosexualité, c’est l’héritage d’une vieille tradition, on tourne autour du pot, on fait des périphrases… Il y a une espèce de gêne française à aborder frontalement la représentation des minorités dans l’espace public », a-t-il expliqué à 20 Minutes.

« C’est passé sous silence, comme un tabou »

Un point de vue que partage Vincent Boileau-Autin, président de la Lesbian and gay Pride de Montpellier. « Je suis en colère et dépité », déplore-t-il. « On a affaire à un attentat, un acte barbare qui a ciblé la minorité LGBT. Or, c’est passé sous silence, comme un tabou ». Et la preuve selon lui, d’une différence de traitement de l’information. « Lors de l’attaque de l’Hyper Casher et lorsque la population juive a été touchée, tout le monde a posé le mot d’antisémitisme. Personne n’a inconsciemment gommé cette notion. Ici c’est comme si on nous effaçait, c’est très violent », ajoute-t-il.

Un traitement inégal, que reconnaît également Xavier Héraud, le rédacteur en chef de Yagg, un site d’actu LGBT, qui s’est dit « choqué et pas juste surpris de voir qu’aussi peu de titres comportent le mot gay ou homophobe ». « La presse se fait un peu le reflet de la société, et certains ont oublié un peu vite que c’était un club gay. Toutes les discriminations ne sont pas prises au même niveau », analyse-t-il.

Prudence et précaution

Mais qu’en pensent les principaux intéressés ? S’agit-il vraiment de gêne ou « d’invisibilisation » ? Sur Twitter, Johan Hufnagel, directeur en charge des éditions pour Libération, a parlé de « prudence », et de « gêne ».

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De prudence, car à l’heure où les journaux ont bouclé ce dimanche soir, les motivations du terroriste demeuraient toujours floues, malgré la cible précise d’un club gay. Du côté de 20 Minutes, comme Libération, précaution a été le maître mot, car au moment où nous bouclions le journal, les intentions du tueur n’étaient pas claires.

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« Il ne faut surtout pas différencier les victimes »

Concernant Le Parisien, le quotidien ne fait mention du caractère homophobe du tireur, ni en Une, ni en chapo de Une, mais le traite dans son édito et dans ses articles. « Gardons-nous de différencier les victimes selon qu’elles appartiennent à une communauté ou à une autre, qu’elles soient homosexuelles ou pas, juives ou pas, caricaturistes ou pas », est-il notamment écrit.

« Si c’était à refaire, je referais exactement la même chose. Il ne faut surtout pas différencier les victimes en catégorie », a déclaré à 20 Minutes Jean-Marie Montali, directeur adjoint de la rédaction. « Daesh est une secte et elle nous déteste dans notre diversité. Différencier les victimes, c’est les exclure. Je ne fais pas la différence entre une victime gay, ou juive, ce pourrait être vous, ou moi ». Des choix éditoriaux assumés donc, penchant peut-être plus vers la peur de la désinformation, que de la peur des mots.