Les dirigeants de Canal + ont dressé un tableau sombre pour l’avenir du groupe, auditionnés ce mercredi par la commission des affaires culturelles de l’Assemblée nationale. « Si on ne redresse pas la situation, les pertes 2017 seront de l’ordre de 475 millions », a affirmé Maxime Saada, directeur général. En 2015, les pertes du groupe s’élevaient déjà à 264 millions d’euros. Elles pourraient grimper jusqu’à 408 millions d’euros pour cette année.

Fuite de ses abonnés

Canal + doit faire face à la chute massive de son nombre d’abonnés. Au premier trimestre 2016, la chaîne a connu une perte record, avec la fuite de 200 000 abonnés. « Canal + a perdu plus 500.000 abonnés en 5 ans, passant de 4,42 millions en 2012 à 3,88 millions début 2016 », a-t-il précisé. « Depuis 2004, nous n’avons été positif qu’une seule fois » en nombre d’abonnés d’une année sur l’autre.

Le groupe, qui a toujours misé sur le sport et les films pour séduire ses abonnés, est désormais concurrencée par beIN pour le sport. Côté film, l’augmentation du piratage, l’apparition de nouvelles chaînes gratuites et l’offre croissante de services comme Netflix sont pointés du doigt par Canal +.

Diversifier les offres d’abonnement

Actuellement à 39,90 euros par mois, avec un an d’engagement, l’offre de Canal + ne séduit plus. Pour fidéliser de nouveaux spectateurs, Maxime Saada a annoncé une nouvelle politique d’abonnements, en proposant des offres moins chères et sans engagement. « On tentera un certain nombre de choses à la fin de l’année pour séduire des populations qui n’ont pas les moyens ou pas l’envie de dépenser 40 euros par mois pour Canal + », a-t-il déclaré.

En confirmant sa « baisse importante du clair », la chaîne a vocation à s’adresser « davantage à nos abonnés, avec davantage de films », a détaillé Gérald Brice-Viret, directeur des antennes. « Il est difficile pour un abonné, qui paie pour des contenus exclusifs, d’avoir 5 à 6 heures de contenus gratuits quotidiens qui profitent à tous », a justifié Jean-Christophe Thiery, président du groupe.

« Aller sur les plates-bandes de M6 »

Gérald Brice-Viret a affirmé vouloir changer le nom des chaînes gratuites du groupe : « Nous avons demandé au CSA de renommer nos chaînes D8 en C8, D17 en CStar et iTELE en CNews. » Objectif affiché pour D8 : « Aller sur les plate-bandes de M6 et d’être la future grande chaîne, autour d’animateurs comme Cyril Hanouna et Julien Courbet. »