Radio France: Pas simple, la rentrée, pour Mathieu Gallet
MEDIAS•Le groupe a présenté ses nouvelles grilles ce mercredi, mais la page de la saison 2014-2015, tourmentée par des polémiques et une grève historique n’a pas encore été tournée…Anaëlle Grondin
Charline Vanhoenacker n’a pas pu s’en empêcher. Ce mercredi matin, la conférence de rentrée de Radio France a commencé par une blague de la chroniqueuse de France Inter au PDG du groupe audiovisuel Mathieu Gallet, pour annoncer sa prise de parole : « Président, on vous déroule le tapis, mais on vous laisse choisir la couleur, hein. » Son patron a ri (jaune ?) indiquant que la conférence qui allait suivre serait « un peu à l’image de Radio France, à la fois sérieuse et déconnante ».
Malgré son air décontracté ce mercredi, la rentrée du jeune président n’a pas été simple. Depuis cinq mois, Mathieu Gallet est dans la tourmente. Confronté à une grève historique de 28 jours à Radio France, sévèrement critiqué pour la rénovation de son bureau à 100.000 euros, dans le collimateur de Bercy pour des contrats « irréguliers » à l’époque où il était à l’INA, ou encore visé par une enquête préliminaire pour « favoritisme », Mathieu Gallet tente de faire oublier la saison dernière. D’autant plus que son bilan pour 2014-2015 est positif : malgré le mouvement social, les audiences ont progressé. France Inter a par exemple gagné plus de 400.000 auditeurs sur un an. « Présenter les nouvelles grilles de Radio France et parler des contenus et d’éditorial… Ça fait du bien », a lâché Mathieu Gallet ce mercredi.
Une matinale féminisée pour Inter, une nouvelle identité pour Mouv’
Pendant près d’une heure sous ses yeux, les directeurs et directrices d’antenne de chaque station ont pris la parole en compagnie de quelques voix phares de leur antenne pour mettre en avant les nouveautés de cette rentrée. Pour France Info, plus de proximité avec les auditeurs, de place pour la politique et de présence sur le terrain et sur tous les écrans. Pour France Inter, une matinale féminisée (Hélène Jouan pilote la revue de presse à 8h30, Marie-Pierre Planchon présente la météo en direct, Nathalie Fontrel inaugure la chronique « Planète environnement » à 7h20) et douze nouvelles émissions parmi lesquelles « Un Jour en France », consacré au reportage sur le terrain, tous les matins à 10h, ou encore « L’oeil du tigre », émission « décalée » mélangeant sport et société présentée par Philippe Collin.
Pour France Culture, une nouvelle voix le matin, celle de Guillaume Erner, plus de femmes aussi et plus de place pour l’information. Pour France Bleu, un tout nouveau site Internet et une application mobile innovante à venir avec de nouveaux contenus et formats. Pour FIP, des rendez-vous réguliers ajoutés à la grille. Pour France Musique, encore plus de musique. Et enfin pour Mouv’, une toute nouvelle identité qui place la radio au cœur de la culture hip-hop, avec un décryptage de l’information à destination des jeunes, du reportage, des rendez-vous musicaux et des émissions animées par des personnalités comme Akhenaton du groupe IAM.
Le climat social plus préoccupant que la grille des programmes
Mais à la séance de questions-réponses avec les journalistes, exit les contenus. Le climat social à Radio France et l’équation budgétaire à résoudre se sont invités à la fête. Mathieu Gallet reste confronté aux problèmes financiers de Radio France et le plan de départs volontaires envisagé est toujours contesté par les syndicats. « Tout le monde va attendre le moment où le COM [contrat d’objectifs et de moyens] sera définitivement arrêté, a indiqué le président de Radio France. Dans ce COM, il y a une trajectoire financière dictée par les efforts qui nous sont demandés. Ce n’est pas simple pour une équipe de direction et pour moi-même d’apporter en arrivant un projet de développement de la radio publique dans un espace contraint. C’est vrai que cela crée des tensions. Tout le monde va être attentif à ce qu’il y aura dans ce contrat d’objectifs et de moyens. C’est dans les prochaines semaines. »
Le président de Radio France a également été interrogé sur le limogeage d’Olivier Poivre d’Arvor, ex-directeur de France Culture. Il n’y a pas eu de « chasse aux sorcières » après la grève, a assuré Mathieu Gallet. Il explique qu’il y a eu « une perte de confiance » : « Quand on est un dirigeant, on compte sur ses équipes et la confiance ça ne se négocie pas. » Petite pression en ce jour de rentrée.