«Têtu» placé en redressement judiciaire

«Têtu» placé en redressement judiciaire

PRESSELe magazine gay, qui n'a jamais été bénéficiaire, dispose de quatre mois pour trouver un repreneur...
Clio Weickert

C.W. avec AFP

Têtu en danger. Placé ce lundi en redressement judiciaire, l’avenir du seul magazine gay français est fortement menacé. Et il ne dispose que de quatre mois pour y remédier, en trouvant un repreneur.

Vingt ans cette année

« Il est à peine imaginable que Têtu puisse disparaître et pourtant, jamais le risque n’a été aussi grand », a indiqué la direction du magazine dans un communiqué publié sur son site. Et pour cause, le tribunal de commerce vient de rendre son jugement. Le magazine a quatre mois « pour trouver une solution qui assure la sauvegarde des emplois et la pérennité du titre », tel que l’explique Jean-Jacques Augier, propriétaire du titre, qui a succédé à Pierre Bergé en 2013, pour un euro symbolique.

Alors que Têtu fête ses vingt ans cette année, le mensuel généraliste emblématique de la communauté gay, qui n’a jamais gagné d’argent depuis sa création en 1995, a vu ses ventes tombées à 28 275 exemplaires en moyenne. « Têtu a déjà fait de gros efforts de restructuration, mais ne peut pas trouver son équilibre seul », précise Jean-Jacques Augier. « Il est fondamental qu’il soit adossé à un groupe de presse. Si au bout de quatre mois, nous n’avons pas trouvé de repreneur, le tribunal prononcera la liquidation » (…) « J’ai approché un certain nombre de groupes de presse, mais je ne suis pas tombé au bon moment », a-t-il ajouté.

Depuis 2013, le mensuel a supprimé une vingtaine de postes, soit plus de la moitié de ses effectifs. Il emploie aujourd’hui 10 salariés, dont 5 journalistes. Après une perte de plus de 2 millions d’euros en 2013 lors de sa succession, son nouveau propriétaire a ramené son déficit à 1,1 million en 2014, pour un chiffre d’affaires de 2,8 millions d’euros. Pour 2015, Jean-Jacques Augier prévoit une perte d’environ 600 000 euros. Depuis 2013, l’homme d’affaires a réinvesti un million d’euros dans le titre, Pierre Bergé avait également laissé des fonds pour financer la restructuration.

Un passage au tout-numérique exclu

Pour limiter les pertes, un passage au tout-numérique aurait pu être envisagé, mais la piste a été rejetée par Jean-Jacques Augier : « Têtu ne peut jouer son rôle dans la communauté que s’il a une visibilité, avec un magazine papier », explique-t-il, « pour les jeunes gens, il est très important de voir ce magazine présent dans l’espace public ».

La fête d’anniversaire de ses vingt ans qui aura lieu samedi prochain, sera alors reconvertie en « fête de soutien ».