Crise à Radio France: L’avenir de France Musique menacé?
MEDIAS•France Musique est particulièrement ciblée par le plan de Mathieu Gallet pour redresser les comptes de Radio France. Les artistes craignent la «fragilisation de l'écosystème artistique tout entier»...Au coeur de la crise qui s'éternise à Radio France, le sort de France Musique suscite toutes les inquiétudes. Même s'il n'est pas question d'une fermeture d'antenne, et même si la fusion de l'antenne avec FIP, un temps envisagée, ne semble plus d'actualité, une lourde transformation est au programme.
Vous ne faites pas la différence entre France Musique et Radio Classique? Au-delà du fait que la première est publique et la seconde privée et dirigée depuis 2012 par l’ex-directeur du Figaro Etienne Mougeotte, les lignes éditoriales sont bien distinctes: davantage d'émissions d'invités et de diffusion de concerts (800 par an) sur la première, une diffusion d'oeuvres classiques plus accessibles sur la seconde, avec des tranches d'informations consacrées à l'actualité économique et politique.
Une refonte de l'antenne
Or ce qui différencie les deux antennes pourrait s’atténuer. «Si nous allons vers un fil musical type Radio Classique, on élimine ce qui fait l’ADN de France Musique depuis 50 ans», s'alarmait mardi Arnaud Merlin, producteur de la chaîne, en réaction à la dernière version du projet stratégique de Mathieu Gallet qui formule ainsi la refonte: «France Musique, chaîne des musiques classiques, verra sa ligne éditoriale refondée afin de toucher un public plus large: une offre recentrée sur la musique classique et le jazz, une grille plus musicale et une politique de captations plus ciblée, mobilisant davantage les échanges européens de programmes».
Les musiciens de Radio France lancent une pétition
Miser sur «les échanges européens de programmes» impliquerait de diffuser davantage de concerts enregistrés à l’étranger, et non sur place, à la Maison de la Radio, et recentrer l'offre sur la musique classique et le jazz en direction d'un large public se ferait au détriment de la diversité et de la singularité des propositions actuelles. «Si l’on traduit, ça veut dire que France Musique devient une chaîne qui n’a plus du tout son rôle dans la vie musicale, et tout ce qui fait la spécificité du service public va disparaître», s'emportait mardi Aline Payet (CGT).
Une pétition lancée
Déjà, le 31 mars, plusieurs artistes (parmi lesquels le violoniste Renaud Capuçon, le compositeur Alexandre Desplats ou la chanteuse Natalie Dessay) diffusés par la chaîne avaient signé une lettre ouverte au ministère de la Culture, publiée dans Le Monde et le Figaro, déclarant: «Des générations de mélomanes et d'amateurs ont été formées par cette radio sans équivalent. Sans France Musique, la vie musicale française ne serait pas ce qu'elle est.»
«Toucher à France Musique, ce n'est pas seulement priver des millions d'auditeurs de la possibilité de s'éduquer en goûtant aux plaisirs de l'écoute; c'est aussi fragiliser l'écosystème artistique tout entier», poursuit la lettre, reprise depuis dans une pétition.