MEDIASA Radio France, le conflit entre dans l’impasse

A Radio France, le conflit entre dans l’impasse

MEDIASAlors qu’une partie des élus syndicaux a décidé de pratiquer la politique de la chaise vide face à Mathieu Gallet, le CSA demande la nomination d’un médiateur…
Annabelle Laurent

Annabelle Laurent

La crise à Radio France vient de monter d’un cran ce mercredi. Le dialogue est rompu. A tel point que le CSA, qui jusqu'ici restait distant du conflit, appelle à «la mise en œuvre d’une procédure de résolution des conflits de nature à surmonter la situation de blocage qui se manifeste aujourd’hui». Comprendre: un médiateur. La ministre de la Culture Fleur Pellerin a de son côté annoncé devant l'Assemblée qu’elle ferait connaître «très rapidement» ses «décisions pour renouer le dialogue social».

Ce mercredi, alors que Mathieu Gallet devait présenter son plan stratégique lors d’un Comité central d’entreprise (CCE) extraordinaire, certains élus ont quitté la salle. La séance a dû être levée. Comment expliquer ce blocage?

«La confiance rompue»

Après avoir défendu ce mercredi matin son plan stratégique devant les députés, Mathieu Gallet devait le présenter devant les élus syndicaux, afin d’expliquer notamment l’une des mesures d’économies prévues pour redresser le déficit de 21,3 millions d’euros de la Maison Ronde: un plan de 300 à 380 départs volontaires, assorti de 50 créations de postes dans des métiers nouveaux, comme le marketing.

L’explication n’a pas eu lieu. La réunion s’est ouverte par une déclaration conjointe des élus CFDT, CGT, SNFORT, SUD et Unsa, à l’issue de laquelle la séance a été suspendue. Les élus dénoncent, dans le texte envoyé aux rédactions, un projet «lourd de périls graves pour l’avenir de Radio France». Estimant que «les fils du dialogue et de la confiance sont rompus», ils «s’associent à la demande de médiation pour sortir de cette impasse.»

La politique de la chaise vide divise

Une «politique de la chaise vide, au risque de foncer dans le mur», a déploré dans la foulée via un communiqué le SNJ, syndicat de journalistes, qui souligne «le risque de l’irresponsabilité». «Certes, nous n'aurions pas obtenu toutes les réponses, écrit le SNJ. Mais suffisamment peut-être pour mobiliser TOUS les métiers à Radio France, et poser les bases d'une négociation qui, de toute manière, devra avoir lieu».

Déjà, lors de l’AG mardi 7 avril , les divisions étaient perceptibles. «Pourquoi aller écouter Mathieu Gallet alors qu’on a voté vendredi une motion défiance contre lui? Ça suffit!», estimait une partie des grévistes, tandis qu’une autre partie se disait favorable à la discussion, dans l’attente de la nomination d’un médiateur.

L'intervention tardive du CSA

L'appel du CSA à nommer un médiateur souligne bien le tournant qui s'opère au 21e jour de grève. Le 25 mars dernier, le CSA, qui seul peut retirer le mandat de Mathieu Gallet, avait en effet renouvelé sa confiance au PDG de Radio France.