PRESSELe magazine «Rolling Stone» enlève son article décrié sur des accusations de viol à l'université

Le magazine «Rolling Stone» enlève son article décrié sur des accusations de viol à l'université

PRESSELe journal avait relayé les accusations non vérifiées d'une jeune étudiante affirmant avoir été violée lors d'une fête sur un campus universitaire...
20 Minutes avec AFP

20 Minutes avec AFP

Le magazine américain Rolling Stone s'est excusé lundi et a retiré de son site un article de novembre dernier qui avait relayé les accusations non vérifiées d'une jeune étudiante affirmant avoir été violée lors d'une fête sur un campus universitaire, un faux scoop qui avait secoué les Etats-Unis.

A sa place, le bimensuel a mis en ligne un rapport de la prestigieuse école de journalisme de l'université de Columbia qui pointe les erreurs pourtant «évitables» des reporters qui ont conduit à ce fiasco retentissant du magazine icône de la pop-culture.

C'est «l'histoire d'un échec journalistique qui était évitable, un échec qui englobe le reportage, la relecture, la supervision éditorale et la vérification des faits», note ce rapport de 8.000 mots qui avait été commandé par le magazine, pourtant célèbre pour ses enquêtes détaillées.

Sa publication avait créé une onde de choc

Publié en novembre 2014, l'article relayait les accusations portées par «Jackie», une jeune fille qui affirmait avoir été victime d'un viol collectif en 2012 à l'université de Virginie, lors d'une fête dans une «fraternité», l'une de ces associations d'étudiants qui peuplent les campus américains. Sa publication avait créé une onde de choc, provoqué des manifestations d'étudiants ainsi que la suspension des «fraternités» de l'université, ravivant un débat national sur les viols dans les campus et la sécurité des jeunes filles. La police avait aussitôt ouvert une enquête.

Un faux scoop qui tombe à pic

Mais la véracité du drame avait été rapidement mise en doute après des enquêtes d'autres organes de presse, notamment le Washington Post. Dès décembre, Rolling Stone avait concédé avoir eu tort d'avoir fait confiance à la version de la victime supposée.

Ce faux scoop tombait il est vrai à pic alors que des dizaines d'universités américaines font l'objet d'enquêtes fédérales sur la manière dont elles ont géré des plaintes pour violences sexuelles. Et les journalistes de Rolling Stone comme leurs éditeurs voulaient tellement publier cet article que les règles «de base, voire routinières» du journalisme n'ont pas été respectées, pointe le rapport de l'école de Columbia.

«Une punition suffisante»

Fonder un article entier sur le seul témoignage de la jeune fille est une erreur de jugement, insiste le rapport, pour lequel il n'est pas question de mettre cet échec sur le compte des réductions d'effectifs qui ont affecté le magazine comme tant d'autres médias américains en difficulté. «Ce rapport était douloureux à lire, pour moi personnellement et pour nous tous à Rolling Stone», a reconnu le rédacteur en chef Will Dana, dans une note introduisant le texte.

Pour autant, Will Dana a annoncé au New York Times que personne ne serait sanctionné, soulignant notamment que le rapport ne faisait pas de cette erreur «le résultat des méthodes habituelles de travail» de la rédaction. «Pour Dana, la publication de ce rapport est une punition suffisante pour ceux impliqués», écrit le New York Times.