HSBC : Un journaliste très réputé du «Telegraph» met en cause son journal et démissionne
MEDIAS•Peter Oborne, éditorialiste réputé du «Telegraph», met en cause les méthodes de son journal depuis plusieurs années, et plus récemment dans l’affaire HSCBC…Alice Coffin
Peter Oborne est l’éditorialiste en chef réputé, d’un journal britannique, The Telegraph, vieux de 160 ans et au conservatisme affiché. L’insoumission ne fait donc pas objet de devise pour ce journaliste. Il vient pourtant de démissionner de ses fonctions et écrire sur Open Democracy un texte accablant et terrifiant contre son propre journal. Peter Oborne détaille comment depuis plusieurs années, sous la houlette de ses nouveaux propriétaires, les frères Barclay, The Telegraph a cédé à la recherche effrénée de l’audience numérique, à la confusion entre les contenus journalistiques et commerciaux, à la soumission de l’éditorial au publicitaire, à la réduction drastique de ses collaborateurs expérimentés. Dans le détail, il fait état de la publication d’un article mensonger sur «Une femme à trois seins », d’un service étranger décimé, d’un mauvais traitement journalistique lors de la contestation politique à Hong Kong, et surtout, d’une couverture sur la banque HSBC qui relève de «fraude envers les lecteurs».
HSBC a suspendu son budget publicitaire pendant un an
Peter Oborne raconte ainsi comment ses papiers ont été trappés. Il fait état des explications de sa direction, qui lui a expliqué que les intérêts d’un annonceur aussi puissant qu’HSBC primait sur les révélations journalistiques. HSBC avait, de fait, suspendu pendant un an son budget publicitaire après des premières révélations. Ce sont les derniers événements, liés à Swissleaks, et leur couverture minimale par le journal, qui ont décidé Peter Oborne à raconter dans le détail l’évolution en cours à The Telegraph. «Une presse libre est indispensable à la démocratie, explique-t-il. Le journalisme a une raison d’être. Et elle n’est pas juste de divertir. Mais d’être un contrepoint au pouvoir politique, aux grosses entreprises et aux hommes riches.»
Le Telegraph s’est défendu par l’intermédiaire d’un porte-parole dans The Guardian. «Nous avons à cœur de fournir à nos annonceurs, toute une gamme de possibilités en matière de publicité, mais la distinction entre la publicité et l’éditorial a toujours été pour nous fondamentale. Nous réfutons absolument toute allégation contraire. C’est avec un immense regret que nous avons pris connaissance des attaques stupéfiantes, infondées, pleines d’inexactitudes, de Peter Oborne, contributeur pendant près de cinq ans au Telegraph, sur son propre journal.»