Traitement des attentats: Le CSA épingle les médias pour sept dérapages
MEDIAS•Le Conseil supérieur de l'Audiovisuel a fait ce jeudi 21 mises en demeure à des médias audiovisuels «pour manquements graves» dans leur traitement des événements du début du mois de janvier...J.M.
Le Conseil Supérieur de l'Audiovisuel a relevé 36 manquements dont 15 ont donné lieu à mise en garde et 21, plus graves, ont justifié des mises en demeure, par rapport au traitement médiatique des attaques terroristes à Paris début janvier 2014... Le CSA note que ses décisions se fondent sur les faits suivants:
La diffusion d’images issues de la vidéo montrant le policier abattu par les terroristes
France 24 est épinglée pour «atteinte au respect de la dignité de la personne humaine» pour avoir diffusé une séquence de l’assassinat du policier Ahmed Merabet. Sa mort n'a pas été montrée, mais la scène «faisait entendre les détonations d’arme à feu ainsi que la voix de la victime» et exposait son visage et sa situation de détresse. France 5, qui a montré la une du Daily News, avec le policier non flouté, se voit également mise en garde.
La divulgation d’éléments permettant l’identification des frères Kouachi
i>Télé et LCI sont mises en demeure pour avoir dévoilé des informations concernant l’identification de Saïd et Chérif Kouachi, avant la diffusion de l’appel à témoins par la Préfecture de police. «Ce qui risquait de perturber l’action des autorités», note le CSA.
>> A lire: Comment les journalistes français ont vécu et travaillé depuis le 7 janvier
La divulgation de l’identité d’une personne mise en cause comme étant l’un des terroristes
Une personne avait été présentée comme un des terroristes recherchés. C'était faux. Le Conseil «a considéré qu’en désignant une personne comme étant l’un des terroristes recherchés par les autorités, même en entourant cette information de certaines précautions, les chaînes BFM TV, France 2, i>Télé, LCI et TF1, ont non seulement manqué de mesure dans le traitement de l’enquête, mais encore pris le risque d’alimenter les tensions dans la population à partir d’une allégation qui s’est révélée inexacte. »
La diffusion d’images ou d’informations concernant le déroulement d'opérations de police en cours
Les chaînes BFM TV, Canal +, Euronews, France 2, France 24, LCI et TF1, ont donné trop d'informations sur les opérations en cours, alors que les terroristes étaient encore retranchés à Dammartin-en-Goële et à l’Hyper Cacher de la Porte de Vincennes. Ce qui a pu mettre en péril la sécurité des otages et celle des forces de l'ordre. Le CSA juge qu'il est nécessaire de concilier «sauvegarde de l’ordre public et respect de la liberté de communication».
L’annonce que des affrontements contre les terroristes avaient lieu à Dammartin-en-Goële alors qu’Amedy Coulibaly était encore retranché à la Porte de Vincennes
BFM TV, Euronews, France 2, France 24, i>Télé, LCI, TF1, Europe 1, France info, France Inter, RFI, RMC et RTL, ont annoncé en direct que des affrontements avaient éclaté à Dammartin-en-Goële. Le CSA met ces médias en demeure considèrant que «la divulgation de cette information aurait pu avoir des conséquences dramatiques pour les otages de l’Hyper Cacher de la Porte de Vincennes, dans la mesure où Amedy Coulibaly avait déclaré lier leur sort à celui de ses complices de Dammartin-en-Goële».
La diffusion d’informations concernant la présence de personnes cachées dans une chambre froide ou dans une réserve du magasin Hyper Cacher
France 2, TF1 et RMC ont signalé la présence d’une personne qui était parvenue à se cacher dans l’imprimerie où Saïd et Chérif Kouachi s’étaient retranchés. BFM TV et LCI ont émis l’hypothèse qu’une ou plusieurs personnes s’étaient réfugiées dans une chambre froide ou dans une réserve du magasin Hyper Cacher où Amedy Coulibaly retenait ses otages. Pour le CSA, ces informations pouvaient mettre en danger ces personnes.
La diffusion des images de l’assaut mené par les forces de l’ordre dans le magasin Hyper Cacher de la Porte de Vincennes
France 3 et Canal + avaient intégralement montré la vidéo de l'assaut contre l’Hyper Cacher, y compris la mort d'Amedy Coulibaly. Pour le CSA, «ces images sont susceptibles de nourrir les tensions et les antagonismes».