Nombre de dessinateurs de Fluide Glacial collaborent ou ont collaboré à Charlie Hebdo. «Même si Fluide Glacial n'est pas un journal satirique ou d'opinion comme Charlie Hebdo, nous explorons également les terres du dessin et de l'humour, et nous sommes choqués et révoltés par l'effroyable attentat ainsi commis», a écrit dans un billet Thierry Capot, le directeur de la publication du mensuel. Yan Lindingre, dessinateur et rédacteur en chef du magazine de bande dessinée humoristique, a répondu aux questions de 20 Minutes.

Comment réagissez-vous à la rédaction?

Nous nous sommes réunis hier, avec quelques dessinateurs du Canard Enchaîné, en chialant. Le fait d’être ensemble a permis de libérer la parole. Nous, comme tous les dessinateurs, toute la presse et toute la France, voulons tous aider les survivants. Par décence, nous ne voulons pas être pressants. Il faut les aider à se relever et garder la tête froide. Leur histoire leur appartient.

Quel rôle place occupe «Charlie Hebdo» dans le monde du dessin d'humour?

Charlie Hebdo est à l’avant-poste de la satire. Nous profitons tous du courage de ce canard. Ils sont les plus exposés dans le dessin d’humour, parce qu’ils traitent de l’actu. Quand les fanatiques ont besoin de communiquer, ils trouvent une cible pour servir leurs intérêts médiatiques. Ils s’attaquent à tout et n’importe quoi! Cabu avait 20 ans dans sa tête, il luttait contre la bêtise et la méchanceté, c’était juste un humoriste!

Comment s’inscrit Charlie Hebdo dans l’histoire de la satire en France?

En rupture! Hara-Kiri, puis Charlie Hebdo n’ont pas pris le relais du Hérisson ou du Crapouillot. Cavanna a été ému par les horreurs qu’il a vues pendant la Seconde guerre mondiale en Allemagne, Choron, Cabu et Siné, par celles de la guerre d’Algérie. Ils avaient envie d’inventer autre chose, l’humour bête et méchant. Cavanna était très exigeant en matière de recrutement. Pensez ne serait-ce qu’à Reiser, considéré par Pierre Desproges comme un philosophe…

Les dessinateurs doivent-ils durcir le trait?

Il faut juste continuer à dessiner et rester qui on est. Il faut occuper sa place. Fluide Glacial n’est pas Charlie Hebdo.

L’avenir pour «Charlie Hebdo» ?

Les survivants vont publier un journal de 8 pages. Nous leur proposons notre soutien, notre aide technique, de l’argent. Je crois surtout qu’il ne faut pas les emmerder! J’ai entendu dire que Philippe Val parlait de rachat. Nous sommes tous dans la douleur maintenant et ce n’est pas le moment de lancer une polémique. Mais, je pense que ce serait un mauvais choix. Souvenons-nous comment Willem racontait les réunions de rédaction avec Philippe Val! Aujourd’hui, il faut laisser aux survivants de Charlie Hebdo le temps de se reprendre, de se relever, et surtout ne pas s’accaparer leur histoire.