PRESSE«Nice-Matin»: Le financement participatif pourra-t-il sauver le journal?

«Nice-Matin»: Le financement participatif pourra-t-il sauver le journal?

PRESSELes salariés ont lancé un appel aux dons sur Internet ce mardi…
Le siège du groupe Nice-Matin, à Nice
Le siège du groupe Nice-Matin, à Nice - Valéry Hache AFP
Anaëlle Grondin

A.G.

«Le rêve fou de racheter notre journal.» Les salariés du groupe Nice-Matin ont lancé un appel aux dons ce mardi matin sur la plateforme de lancement participatif Ulule. Leur objectif? Lever au minimum 300.000 euros d’ici le 20 septembre pour pouvoir appuyer un projet de reprise du quotidien régional, en grandes difficultés financières depuis plusieurs années. En réalité ils espèrent recueillir dix fois plus d’argent: «Trois millions d’euros, c’est l’assurance que notre mission de proximité continuera d’être assurée partout», expliquent-ils avec sur la plateforme.

Un «don zéro» de 3.800 euros

L’argent récolté sur Ulule (plus de 69.700 euros ce mardi après-midi) servira ainsi aux salariés à financer en partie ce projet de Scop, une société coopérative et participative composée d’ouvriers du Livre, de secrétaires et de rédacteurs. A la fin du mois prochain, le tribunal de commerce de Nice va statuer sur sa viabilité. S’il estime que le projet est viable, le journal appartiendra alors à ses salariés. Ce serait une première en France.

L’idée du financement participatif, «on l’a eue grâce à Roselyne», expliquent les salariés sur Ulule. «Elle a 91 ans, Roselyne. (…) Fortuitement, Roselyne a appris que le Quotidien qui l’a accompagnée une grande partie de sa vie était en danger. Lui et les gens qui le font vivre. Roselyne, ça l’a mise en colère. (…) Avec ses petits moyens, sans que personne ne le lui ai demandé, Roselyne est notre donneur zéro. 3.800 euros de ses économies, elle les a mis sur notre rêve pas si fou.»

Redressement judiciaire

Le groupe Nice-Matin a été placé en redressement judiciaire en mai dernier. Inquiets par les propositions formulées par d’éventuels repreneurs devant la justice qui entraîneraient entre 400 et 800 suppressions d’emplois sur les près de 1.200 que compte le groupe, les employés du journal ont alors décidé de faire appel à leurs lecteurs et de reprendre l’entreprise.

«Les candidats à la reprise de Nice-Matin s’apprêtent à sacrifier les plus jeunes salariés sur l’autel du retour à une rentabilité immédiate. Nous, avec 300.000 euros, nous permettrons aux quinquagénaires volontaires de partir avec des indemnités dignes de ce nom», indiquent les salariés du groupe avant d’ajouter, en parlant de «rêve»: «Trois millions d’euros, c’est l’assurance que notre mission de proximité continuera d’être assurée partout.»