MEDIASPourquoi les groupes audiovisuels s'intéressent aux réseaux multichaînes sur Internet

Pourquoi les groupes audiovisuels s'intéressent aux réseaux multichaînes sur Internet

MEDIASLe rachat du studio Bagel par Canal + témoigne de l’intérêt grandissant pour les réseaux de chaînes sur les plates-formes de vidéo en ligne…
Joel Metreau

J.M.

Lancé il y a à peine moins de deux ans sur YouTube, le studio Bagel vient d’être acheté à hauteur de 60% par Canal Plus, selon Les Echos ce lundi. C’est d’abord un signe réconfortant pour ceux qui se lancent la production de leurs propres formats exclusivement sur le Net. Pour Marc Valentin, président et fondateur de Wizdeo, entreprise française spécialisée dans la monétisation des vidéos sur le Net, «cela signifie qu’une société qui commence sur YouTube peut se faire racheter de manière profitable. Cette annonce va encourager les gens créatifs qui se demandent, si dans ce modèle économique; il y a des acheteurs. » De son côté Philippe Bailly, fondateur de NPA Conseil, constate que «depuis quelques mois, les groupes audiovisuels français s’intéressent de plus en plus aux chaînes sur YouTube par exemple pour diffuser leurs contenus.» M6 avait par exemple lancé sa propre chaîne Golden Moustache en 2012.

Des liens entre Studio Bagel et Canal+

Avec le groupe M6, Canal Plus est l’une des chaînes du PAF les plus en avance dans le domaine. En novembre dernier, elle annonçait le lancement sur YouTube d’une vingtaine de chaînes, issues de ses émissions, comme «Le Grand Journal ». Et puis maintenant, l’acquisition de la structure Studio Bagel. Certes il existait déjà des liens étroits entre la chaîne cryptée et Studio Bagel, puisque que Black Dynamite, l’une des sociétés qui l’a fondée, produit «Le Before du Grand Journal». Et que dans cette même émission, étaient diffusées des pastilles humoristiques fournies par Studio Bagel.

Nouvelles formes d'écriture

En tout cas, pour M6 comme pour Canal+, il s’agit surtout de ne pas rester inerte face à YouTube, qui lançait ainsi une dizaine de chaînes en France, fin 2012, avec des résultat très contrastés. Car il est loin où les chaînes sur YouTube comme sur Dailymotion pouvaient être méprisées. Désormais présentes au rendez-vous professionnel, du Mip TV à Cannes, elles innovent en matière de nouvelles formes d’écriture, les maladresses des débuts pouvant être rapidement corrigées grâce à des équipes de production plus souples et plus légères.

«Qui dit audience, dit potentiel de publicité»

Par ailleurs «qui dit audience, dit potentiel de publicité, explique Philippe Bailly. Les chaînes audiovisuelles ont intérêt à intégrer cette audience à leur offre commerciale pour la monétiser.» Certaines s’appuient sur les «réseaux multichaînes», comme Wizdeo en France, pour aider les fournisseurs de contenu à une meilleure rentabilité de leurs productions. Le Studio Bagel, sur Internet, c’est aussi un réseau de chaînes de YouTubers et d’humoristes, de Maxime Musqua, à Mister V en passant par Kevin Razy… Soit un total de six millions d'abonnés et plus de 40 millions de vidéos vues par mois. De quoi intéresser les annonceurs. Là, où une chaîne télé ne diffuse «que» 24h de programmes en continu, sur le Net, les contenus sont disponibles en permanence et à toute heure. Selon Le Figaro, M6 vendait ainsi les espaces publicitaires de «Golden Moustache» et de «Norman fait des vidéos» (qui a confié sa régie à M6), à «des prix pratiquement équivalents à ceux de la télévision ».

A l’avenir, Philippe Bailly imagine bien «d’autres rachats et des accords de type commerciaux.» comme celui entre Studio Bagel et Canal+. La chasse aux Youtubers ne fait que commencer…