Nicolas Demorand démissionne de «Libération»

Nicolas Demorand démissionne de «Libération»

MEDIAS – le directeur du quotidien explique les raisons de son départ au «Monde»…
W. M.

W. M.

Depuis 2011, la rédaction du journal avait réclamé à plusieurs reprises son départ. Nicolas Demorand, le directeur de Libération a décidé de démissionner. Il explique les raisons de son départ dans une interview accordée au Monde.

«J’ai décidé de démissionner de ma fonction de directeur et de quitter Libération», indique-t-il dans les premiers mots de l’entretien.

«Je cristallise une partie des débats et j'estime qu'il est de ma responsabilité de patron de redonner des marges de manœuvre et de négociation aux différentes parties. J'espère que mon départ permettra aux uns et aux autres de retrouver la voie du dialogue», ajoute-t-il.

«D'autres projets»

Selon lui, c'est surtout le virage numérique qui n'a pas fonctionné à Libé. Alors que les actionnaires soutenaient cette évolution, les journalistes, eux, n'auraient pas réussi à se mettre à la page. «Sur Internet, la rédaction papier ne produit en moyenne que 0,1 article par semaine et par journaliste pour le site», balance sans état d'âme, l'ancien patron de Libération, annonçant «la même équation» à son successeur.

Dès lors, le journaliste va continuer «à faire de la télévision». Il dit être «déjà sur d'autres projets». «Je m'en vais en espérant que ce départ profitera à l'équipe de Libé et à ce journal irremplaçable», conclut-il.

Journal en crise

Libération, en panne de trésorerie et aux ventes en chute libre, a besoin d'une aide urgente pour éviter la faillite, mais ses actionnaires, en tête Bruno Ledoux et Edouard de Rotschild, qui en détiennent ensemble 53%, n'accepteront de le refinancer que pour un projet viable.

Le projet de Bruno Ledoux de créer un réseau social et de transformer le siège en espace culturel, dévoilé vendredi, a déclenché la colère de la rédaction, qui craint que le quotidien ne devienne accessoire et a créé un mouvement de riposte dont le slogan est «Nous sommes un journal».