«Le Point» condamné pour diffamation pour un article sur les immigrants chinois
MÉDIAS – C’est une «première en France», selon l’avocat de SOS Racisme…20 Minutes avec AFP
Le directeur de la publication de l'hebdomadaire Le Point, Franz-Olivier Giesbert, a été condamné vendredi à 1.500 euros d'amende pour diffamation en raison d'un article publié en août 2012 sur les immigrants chinois en France.
«A notre connaissance, il s'agit d'une première en France», a déclaré à l'AFP Me Alexandre-M Braun, avocat de SOS Racisme, qui avait porté l'affaire devant la justice.
Intitulé L'intrigante réussite des Chinois en France, l'article litigieux dépeint le parcours typique de l'immigrant chinois, de la clandestinité à la réussite.
Le droit à l’humour écarté
Si le tribunal correctionnel de Paris a relaxé le prévenu pour une partie des propos poursuivis, il a jugé trois des cinq «Commandements de l'entrepreneur chinois en France» diffamatoires envers les personnes d'origine ou de nationalité chinoise: «Tu ne rémunèreras pas tes employés car ce sont des membres de ta famille», «Tu ne cotiseras pas et donc tu ne toucheras pas d'aides» et «Tu ne paieras pas d'impôts».
Le tribunal a également condamné M. Giesbert à verser à SOS Racisme 1.500 euros de dommages et intérêts et la même somme pour les frais de justice. Il a aussi ordonné la publication d'un communiqué judiciaire en page de sommaire du journal. Le droit à l'humour invoqué par l'avocat du Point, Me Renaud Le Gunehec, a été écarté par la justice.
«Poncifs discriminatoires»
A l'époque où la polémique avait éclaté, Franz-Olivier Giesbert avait déploré «que cette histoire ait été prise au premier degré, alors que c'était de l'humour, une forme d'humour qui n'est pas passée». Le jugement rendu vendredi «vient rappeler qu'il n'y a pas de divisibilité du racisme», a souligné Me Braun, qui a dénoncé des «poncifs discriminatoires».
Il est temps de marquer un coup d'arrêt à «ce racisme anti-chinois qui est devenu trop banalisé», a-t-il ajouté.
Une décision «historique, symbolique»
Maryline Zheng, vice-présidente de l'Association des jeunes chinois de France (AJCF), a salué une décision «historique, symbolique». Les limites de la liberté d'expression n'ont pas été respectées par cet article, «qui n'a fait que véhiculer des fantasmes, des suspicions sur les Français d'origine chinoise».
«Cette condamnation est vraiment la bienvenue pour tous ceux qui luttent contre le racisme aujourd'hui», a-t-elle ajouté. «La parole raciste se libère vis-à-vis de tout le monde».