Journaliste, un métier de plus en plus précaire
•MEDIAS – La SCAM (Société civile des auteurs multimédia) publie une étude à l’occasion des Assises du journalisme de Metz...20 Minutes avec AFP
Petits boulots en extra, précarité, statuts contournés, sites à alimenter: les conditions d'exercice du métier de journaliste se dégradent, avertit la Scam (Société civile des auteurs multimédia) après une enquête auprès de 3.400 journalistes et présentée aux Assises du journalisme de Metz.
Des revenus en baisse. Près d'un journaliste sur trois déclare avoir une activité extra-journalistique pour compléter ses revenus. Des revenus d'ailleurs extrêmement disparates: 12% d'entre eux gagnent moins que le Smic, 18% entre 13.000 et 20.000 euros nets par an, 46% entre 20.000 et 40.000, 18% entre 40.000 et 60.000 et 6% au delà, selon cette étude
Des statuts divers pour réduire les charges patronales. Tendance grandissante, la diversité des statuts, car pour réduire leurs charges patronales, de plus en plus d'employeurs, surtout les nouveaux médias internet, paient les journalistes en droits d'auteur ou en factures en leur demandant de prendre un statut d'auto-entrepreneur. Ou encore, dans les télévisions, les journalistes vidéastes sont fréquemment employés comme intermittents du spectacle, ce qui permet de ne les payer qu'une partie du temps.
62% de CDI. Ainsi si 62% des répondants sont des salariés en CDI et 28% sont pigistes -- statut assimilable à un salarié ponctuel -- on compte aussi 6% d'auto-entrepreneurs, 6% de travailleurs indépendants , 6% d'auteurs et 3% d'intermittents. Un taux supérieur à 100% car 12% ont plusieurs statuts. Le phénomène se développe surtout chez les journalistes multimédias, qui sont à 30% travailleurs indépendants ou auto-entrepreneurs. Chez les réalisateurs, 48% sont intermittents. Les photographes, population la plus précaire, sont les plus nombreux à avoir de multiples statuts.
De plus en plus de journalistes sans carte. Conséquences de ce cumul: la difficulté pour les journalistes à obtenir ou conserver leur carte de presse, qui suppose au moins 50% de revenus salariés provenant d'entreprises de presse. Seule la moitié environ des journalistes sous statut d'auto-entrepreneur ou d'auteur ont une carte de presse. Nombreux sont ceux qui réclament une réforme de la carte de presse et de la Commission qui les délivre, pour tenir compte de ce problème. Actuellement on compte 37.477 journalistes encartés.
Une moindre protection sociale. Ce casse-tête administratif aboutit aussi à une moindre protection sociale. Ainsi 2,5% des journalistes interrogés n'ont aucune couverture sociale et 13% n'ont pas de mutuelle. La question se pose notamment pour les auto-entrepreneurs ou auteurs. Chez les correspondants de guerre, qui sont généralement mieux rémunérés que la moyenne, sauf les photographes et réalisateurs, 25% ne sont pas assurés, un taux qui monte à 50% chez les photographes de guerre.
Les pigistes en difficulté. Les pigistes ont de plus en plus de mal à vivre de leur travail, car le tarif au feuillet reste stable alors que les charges sociales augmentent, et les frais ne sont souvent plus pris en charge. Les pigistes ont d'ailleurs de moins en moins de place dans des journaux qui sont eux-mêmes en difficulté.
Un «alignement sur le buzz». La multiplicité des supports créés aussi parfois de nouvelles charges de travail non rémunérées: une partie des journalistes interrogés racontent que leur employeur les fait travailler aussi pour alimenter un site en plus de leur travail quotidien et sans rémunération supplémentaire. Autre remarque, des sujets moins proches de la réalité: ils dénoncent un « alignement sur le buzz» et une prime aux sujets « censés intéresser le public plutôt que d'essayer d'intéresser le public à tous les sujets» , ainsi qu'une confusion croissante entre communication et information.