SERIE«Real Humans», une série 100% recommandée sur Arte

«Real Humans», une série 100% recommandée sur Arte

SERIEDans «Real Humans» les êtres humains coexistent avec des «hubots». A voir jeudi à 20h50 sur Arte…
Alice Coffin

Alice Coffin

Grâce à l’intense campagne d’affichage et de publicité, vous avez peut-être déjà été saisi d’un trouble à la vision des «hubots». Ni tout à fait semblables aux humains, ni très différents des robots, ce sont les héros de «Real Humans» («100% humains»), la nouvelle et superbe série scandinave d’Arte. Après la très bonne série politique danoise «Borgen», la chaîne se lance dans la très bonne série métaphysique –et dramatique, et technologique, et politique– suédoise.



L’histoire d’hubots prostituées, ouvrières, employés ou petits copains

Dans un monde qui «pourrait être celui de n’importe quelle société occidentale, car contrairement à ce que pensent certains, je ne vise pas spécialement la société suédoise» précise Lars Lundström, créateur de la série, les hubots sont dotés de circuits électriques et programmes numériques internes mais leur apparence est presque conforme à celle des humains. On les croise un peu partout dans les foyers, les usines, les supermarchés ou les Hubots Heavens, maisons closes dans lesquelles officient des hubots. L’une nouvellement employée par une famille bourgeoise, l’autre chauffeur, compagnon domestique et de jeux d’un vieil homme, d’autres encore devenus petits copains de certaines femmes, même si en tant qu’hubots, ils se font refouler à l’entrée des boîtes de nuit. Et puis, enfin, une bande d’hubots d’un certain genre, affranchis, et en lutte pour leur émancipation parcourt le pays alors qu’au même moment, côté être vivants, un groupuscule d’extrêmistes baptisé «100% Humains» œuvre à l’extermination des hubots.

Bienvenue dans le monde de l’anticipation

L’intensité de la série naît d’abord de la présence à l’écran des hubots. «On a mis du temps à travailler leur aspect physique, explique Lars Lundström. On voulait un style à nous, très identifiable. On a travaillé le maquillage, la peau, les cheveux, le regard. Au début ils marchaient comme des robots mais c’était fatigant à regarder. J’ai demandé aux acteurs de se décrisper, tout en gardant en tête qu’ils n’incarnaient pas de vrais êtres humains. Si j’avais été dans une série réaliste, j’aurais créé des robots proches de ceux qu’on fait maintenant mais l’attention des téléspectateurs se serait alors focalisée sur les détails techniques, ce n’était pas le but.» Car «Real Humans» n’est pas une série réaliste mais d’anticipation.

Déjà une saison deux commandée

«Lorsque j’ai eu l’idée de mettre des robots dans une série télé, il y avait surtout des séries réalistes ou criminelles en Suède, moi je voulais une série à la fois de science fiction et conceptuelle», détaille Lars Lundström. Judith Louis, directrice de la fiction d’Arte, estime que «Real Humans» est «une série d’anticipation.C'est-à-dire qu’elle se déroule dans un univers qu’on connaît parfaitement mais qui est un peu plus avancé que le nôtre». «Real Humans» pose des questions métaphysiques, «à partir de quand est-on ou pas un être humain? décrypte Lars Lundström. Combien de parties d’un corps faut-il remplacer pour cesser d’être humain?»

«Real Humans» aborde aussi des thématiques politiques. «Les hubots valent comme métaphore pour à peu près tout, comme le font les vampires de «True Blood», poursuit Lars Lundström. L’immigration, l’homosexualité, sur tout cela on peut dire beaucoup plus de choses avec les hubots que dans une série réaliste.» Elles continueront d’être dites dans une deuxième saison prévue au mois d’octobre en Suède. Les dix épisodes de la première saison sont, eux, déjà disponibles en coffret DVD chez Arte Editions, et seront diffusés à raisons de deux épisodes par soir chaque jeudi à compter du 4 avril.