Doublage: Quand des adultes passent pour des enfants

Doublage: Quand des adultes passent pour des enfants

MEDIAS – Dans des séries d'animation ou des fictions réalistes, comme «Les Bracelets Rouges», ce jeudi à 20h45, sur Numéro 23, les enfants sont parfois doublés par des adultes. Pourquoi?
Joël Métreau

Joël Métreau

Une voix, ça peut tromper. Sur Numéro 23, la série catalane «Les Bracelets Rouges» sera diffusée seulement en version française, «afin de toucher un large public», explique Nathalie Drouaire, directrice des programmes de la chaîne de la diversité. «On n’a pas choisi l’option multilingue pour l’instant, entre autres pour des raisons budgétaires». Dans cette série hospitalière, les personnages principaux ont entre 8 et 17 ans. Mais pour les doubler, de jeunes adultes entre 18 et 25 ans ont prêté leurs voix.

PDG des Studios All In, qui ont assuré le doublage des «Bracelets Rouges», Sophie Buril précise que «les enfants ont la fraicheur mais pas forcément le bon rythme. On a pris des adultes qui ont conservé un ton de voix très jeune. Mon rôle, en tant que directrice artistique, consiste à recruter un casting dont le timbre de la voix se rapproche le plus près de celui de la version originale.»

Une législation stricte

Car faire travailler des enfants, ce n’est pas une surprise, c’est d’abord des contraintes. Une autorisation doit être demandée à la direction départementale des Affaires sanitaires et sociales (Ddass), ils doivent passer une visite médicale, être vu par un pédiatre… De plus, ils ne peuvent être disponibles que les mercredis et samedi et en périodes de vacances scolaires. Pour les mineurs de moins de 16 ans, une législation hyper stricte, donc.

Il n’est pas rare que des femmes doublent des garçons, avant 13 ou 14 ans, avant que leur voix n’ait mué. C’est le cas de la comédienne Nathalie Homs-Hayat. Dans la série d’animation jeunesse «Mandarine & Cow», qu’a diffusé France Télévisions, elle prête par exemple sa voix aux deux héros, une fille et un garçon. Elle participe aussi à la série d’animation «Lulu Vroumette», sur France 5, où les six jeunes personnages animaux sont joués par des comédiennes, dont Dorothée Pousséo. Cette dernière explique: «C’est une question de temps d’enregistrement et l’enfant peut jouer un peu faux. Lulu Vroumette, c’est aussi de la création de voix. L’enfant manque parfois de recul.» Bref, un enfant, ça ne sait pas forcément bien jouer.

Des thèmes trop durs pour un enfant

Autre raison, pour ne pas employer des enfants, des sujets trop durs ou des rôles trop complexes. Dorothée Pousséo se rappelle ainsi avoir doublé il y a une dizaine d’années, la jeune Kerry dans le téléfilm britannique Voleurs d’enfance, une héroïne qui se fait violer et prostituer par sa famille. Sur un tournage, l’enfant peut bénéficier de l’attention d’un psychologue, pas sur un doublage. Tout récemment, la comédienne a doublé l’héroïne du film des Mondes de Ralph, que doublait une adulte dans la version anglaise. Mais c’est une exception chez Disney, qui avait ainsi employé la jeune Camille Donda pour interpréter la voix française de Miley Cyrus dans la série girly «Hannah Montana».

Aujourd’hui, dans les séries de prestige («Desesperate Housewives» citent les deux comédiennes) ou destinées au prime-time, la tendance va vers employer des vrais enfants pour doubler des enfants. «Sauf pour des vieilles séries, comme «K2000», des petites séries ou destinées au câble, où elles sont parfois même pas doublées à Paris, note Dorothée Pousséo. En ce moment, dans le milieu du doublage, il existe une grosse polémique, beaucoup d’enregistrement se font en Belgique et même parfois au Maroc, car c’est moins chers.»

Le premier épisode des "Bracelets rouges"



Les Bracelets Rouges - Avant première Ep01 par numero23

Le quotidien à l’hôpital de jeunes malades
D’abord diffusés sur la chaîne catalane TV3, « Les Bracelets rouges » ont été acquis par Antena 3 et ont triplé leur audience, avec de 2 à 3 millions de téléspectateurs et plus de 15 % de PDA en moyenne. En 13 épisodes, la série « raconte le quotidien à l’hôpital de jeunes, avec une passion pour la vie qui n’a pas été entamée par la maladie », précise Nathalie Drouaire.