TELEVISIONChristophe Hondelatte: «Peut-être qu'un jour France Télévisions me rendra ce que je lui ai donné»

Christophe Hondelatte: «Peut-être qu'un jour France Télévisions me rendra ce que je lui ai donné»

TELEVISIONL'animateur était en Colombie du 3 au 13 octobre pour le tournage de «Passeport pour le crime», un documentaire qui sera diffusé sur 13ème rue en janvier...
Christophe Hondelatte dans les studios de la radio RCN, connue pour son émission nocturne de fait-divers, dans le cadre du tournage à Bogota de «Passeport pour le crime». 
Christophe Hondelatte dans les studios de la radio RCN, connue pour son émission nocturne de fait-divers, dans le cadre du tournage à Bogota de «Passeport pour le crime».   - Copyright: D. Fellous/Libre arbitre.
Propos recueillis par Annabelle Laurent

Propos recueillis par Annabelle Laurent

Christophe Hondelatte n’a pas abandonné la chanson, comme le prouve son nouveau single tout en «cuir et latex». Il n’a pas non plus complètement disparu des écrans. Les abonnés à la chaîne du câble 13ème rue l’ont vu le 30 mai dernier se frotter à la violence de Johannesburg en Afrique du Sud pour sa première participation à l’émission «Passeport pour le crime», dans laquelle une personnalité (la prochaine sera Patrick Cohen, aux Philippines) fait le portrait d’un pays à travers ses faits divers.

Pour l’heure, Christophe Hondelatte, qui «ne raconte plus le fait-divers», mais «le vit», comme l’annonce 13ème rue, était à Bogota début octobre. Nous l’y retrouvons alors qu’il boucle une semaine intensive de tournage avec le réalisateur de CAPA Stéphane Jacques et leur fixeur Damien Fellous, un photojournaliste français installé en Colombie. De l’ex-chef de gang au médecin légiste, du spécialiste mondial de costumes pare-balles aux Indiens du Cauca pris entre l’armée et les FARC, le trio a multiplié les rencontres, donnant à Christophe Hondelatte l’occasion de renouer avec le reportage… au milieu d’une pause médiatique. Entretien.

>> A lire aussi: Le reportage sur le tournage à Bogota

Vous n’en avez pas marre des émissions sur les faits divers?

C’est bien pour ça que j’ai arrêté «Faites entrer l’accusé», c’était pour passer à autre chose. Il y en a qui n’ont toujours pas compris, mais ce n'est pas grave. Et là, c’est différent. D’abord, c’est une invitation, ça n’a rien de durable. Et ce n’est pas le crime qui m’emmerde en tant que tel, c’est le récit de fait-divers. Là, on essaie d’entrer dans un pays par la porte du fait-divers, en abordant diverses problématiques.

Ca vous plaît de revenir sur le terrain?

Oui! C’est du vrai journalisme, quoi! Quand on est présentateur pendant longtemps, plus de 16, 17 ans, c’est agréable de renouer avec les sensations du reportage et de la découverte totale de quelque chose. C’est vachement bien.

Il y a eu des moments particulièrement forts durant le tournage?

C’est difficile parce que dans ce métier-là, une journée efface l’autre, et malgré tout, quand on est foncièrement journaliste, on ne fonctionne pas beaucoup à l’émotion. Moi, même quand je faisais des interviews bouleversantes pour «Faites entrer l’accusé», je rentrais chez moi le soir et je n’y pensais plus. L’addition de rencontres de gens à problèmes fait qu’on n’a plus le même regard.

Une rencontre qui vous a beaucoup frappé alors?

Oui, quand on a visité le centre médico-légal de Bogota avec son directeur, un mec passionnant. Il y a une salle incroyable où sont réunis dans des centaines de caisses les corps de personnes non-identifiées, et dont la cause de la mort est inconnue. En général, ce sont des victimes d’assassinats politiques, soit par des FARC, des paramilitaires, ou parfois par l’armée. Il faut imaginer qu’il y a sur la table des hommes, des femmes, des enfants … On en ressort interrogatif, parce que c’est l’honneur d’un grand pays que de faire ça, mais à côté évidemment ils ne vont pas au bout de leurs enquêtes, et cette volonté de traiter le problème, ce n’est rien dans un océan de violence. On a aussi patrouillé avec la police dans des quartiers chauds de Bogota. Ici, tous les soirs ça part en live, c’est horrible. Les gens sont pétés, il y a de la violence partout, des armes… C’est quand même une capitale qui est au bord de l’explosion permanente.

C’était un tournage risqué?

On n’a pas pris de risques, on a été à la limite. On a travaillé avec un fixeur français qui est à la fois français, colombien et indien et nous a ouvert des portes qui ne se seraient jamais ouvertes, mais qui a aussi très bien géré les limites. Il sait exactement jusqu’où on peut aller.

Vous êtes du genre à faire attention?

Non. J’ai fait ce métier avec un certain goût du risque.

Quelles sont vos pistes en télé à part «Passeport pour le crime»?

J’ai Yahoo (une émission de débat hebdomadaire avec Elisabeth Lévy et Clémentine Autain, ndlr). L’air de rien, le programme marche super bien. La 2e émission a fait 100.000 visionnages, on commence à être au delà des chiffres d’une émission sur le câble et à s’approcher de certaines émissions de la TNT. Ca confirme bien l’intuition que j’avais, il se passe quand même tellement de trucs sur ces sites Internet... On est peut-être en train de faire quelque chose d’assez précurseur. Sinon je travaille sur d’autres projets que je garde secrets.

Sur quelles chaînes?

L’hypothèse que je finisse par aller sur Direct 8 est assez probable. Je suis en discussion avec la chaîne depuis des mois et des mois. Pour l’instant, ils ont choisi de privilégier la mi-journée et l’access, mais à terme il y aura des hebdos, des deuxièmes parties de soirée… J’aimerais travailler dans ce groupe là, parce que je l’aime bien. Et sur des sujets autres que le crime! Et puis peut-être qu’un jour France Télévisions me rendra ce que je lui ai donné, quand même…

C'est-à-dire?

Je suis barré de France Télé alors que je leur ai fourni pendant douze ans les meilleures audiences de la chaîne (France 2, ndlr). Je n’ai même pas eu le droit à un rendez-vous pour qu’on m’explique pourquoi on ne voulait plus de moi. Donc je me dis que peut-être que le vent tournera dans les prochains mois, et que je pourrais retravailler pour France Télé. Parce qu’aujourd’hui, quand je regarde le paysage audiovisuel, je me dis que c’est quand même là qu’il y a les opportunités les plus intéressantes, hors les chaînes comme Direct 8 ou comme 13ème rue et quelques autres chaînes du câble. Pour moi, la meilleure chaîne de télévision française c’est France 5. C’est la seule dont j’aime toutes les émissions.

Le single de votre second album sort le 12 novembre. Vous redoutez les critiques, comme au moment du premier?

Je n’ai pas encore affiné ma stratégie là-dessus. Je ne sais pas encore si je vais accepter toutes les invitations qui me sont déjà faites, ou juste le mettre en ligne et fermer ma gueule, parce que je n’ai pas envie d’aller batailler avec l’obligatoire moquerie ambiante. Ce 2e album, je le sors parce qu’il y a un vrai tournant dans cette part de ma vie. J’ai bougé musicalement et je pense que ce single va surprendre beaucoup, à la fois sur ses paroles, sa musique et ma voix, que j’ai à dessein fait évoluer. C’est carrément plus rock. Pour l’instant j’ai dit oui aux médias, mais je me réserve le droit de tout annuler et de dire: «C’est sur YouTube, c’est gratuit, allez voir, écoutez, racontez ce que vous voulez, mais ne me faites pas suer avec ça parce qu’au fond quand même, je fais ce que je veux.» Les critiques sur le premier album, j’ai trouvé ça violent. Je n’ai absolument pas envie de revivre la même chose.