Affaire Hedi à Marseille : Vidéos, opération, enquête… Que sait-on trois mois après les faits ?
faits divers•Trois mois après les faits, les images de vidéosurveillance de l’affaire Hedi, dans lesquelles on peut apercevoir les policiers de la BAC rouer de coups le jeune Marseillais, ressurgissent dans la presse
Mathilde Ceilles
L'essentiel
- Trois mois après les faits, Mediapart publie les images de vidéosurveillance montrant les violences subies par Hedi à Marseille en marge des émeutes.
- Le jeune homme a été grièvement blessé par plusieurs policiers, atteint notamment par un tir de LBD.
- Les images contredisent la version donnée par les forces de l’ordre mises en cause dans cette affaire.
Des images chocs, comme un élément supplémentaire dans un dossier sulfureux dans lequel deux versions diamétralement opposées s’affrontent. Ce lundi, Mediapart a publié les images de vidéosurveillance montrant les violences subies par le jeune Hedi à Marseille en marge des émeutes. Des violences commises dans la nuit du 1er au 2 juillet qui ont valu la mise en examen de quatre policiers de la brigade anticriminalité (Bac) dans ce dossier. 20 Minutes fait le point sur l’enquête, trois mois après les faits.
C’est quoi déjà, l’affaire Hedi ?
Dans la nuit du 1er au 2 juillet, alors que Marseille était en proie à des émeutes suite à la mort de Nahel, le jeune Hedi, un serveur âgé de 22 ans, est grièvement blessé par des forces de l’ordre. Dans ce dossier, quatre policiers de la BAC de Marseille ont été mis en examen, pour violences volontaires aggravées par trois circonstances, le fait d’avoir été commises en réunion, avec usage ou menace d’une arme et par personne dépositaire de l’autorité publique dans l’exercice de leurs fonctions. Hedi a notamment été gravement atteint à la tête par un tir de LBD et a dû être amputé d’une partie du crâne. Le tireur avait été placé en détention provisoire pendant quarante jours. Après un rejet de sa demande de libération début août, ce policier était finalement sorti de prison début septembre.
Lors de l’examen de sa première demande de remise en liberté début août par la chambre de l’instruction de la cour d’appel d’Aix-en-Provence, ce policier avait reconnu être l’auteur du tir. Un geste que le policier estimait justifié après avoir fait face à un jeune homme « entièrement capuché » qui aurait fait « un mouvement vers l’arrière pour jeter un objet ».
Que voit-on sur les images publiées par Mediapart ?
Sur les images de vidéosurveillance que Mediapart s’est procurées, on remarque d’abord que la rue semble plutôt calme en cette nuit d’émeutes dans le centre-ville de Marseille. « On peut voir également qu’il n’y a pas de tirs de projectile de la part de mon client, souligne l’avocat de Hedi, Me Jacques-Antoine Preziosi. » Et de s’emporter : « Ces images sont accablantes. Ces policiers ont créé la présomption de culpabilité, tout ça parce que mon client portait une capuche. J’ai eu mon client au téléphone hier soir. Il avait vu les vidéos publiées par Mediapart et il est très content car ces vidéos montrent enfin sa bonne foi. »
Par ailleurs, d’après les calculs de nos confères, le tir aurait eu lieu à une distance comprise entre 5 et 8,15 mètres, bien inférieure à la quinzaine de mètres évoquée par le policier porteur du LBD. On peut voir par ailleurs les policiers rouer de coups Hedi dans un coin de la rue, le tout en présence de leur commandante qui n’a pas été inquiété dans ce dossier. « Elle avait déclaré qu’elle ne se souvenait pas de cette scène, peste Me Preziosi. Sa présence aujourd’hui est évidente. Elle aurait pu au moins calmer ses ouailles. En réalité, elle est dans la meute. Ca va lui faire tout drôle quand le juge d’instruction va la reconvoquer. » Contactés, les avocats des policiers n’ont pas donné suite à nos sollicitations à l’heure où ces lignes sont écrites.
Et maintenant ?
Selon Me Preziosi, une expertise médicale a été effectuée sur son client, attestant de la perte de son œil gauche. « C’est un élément invalidant, donc ce dossier relève d’un crime, en l’occurrence des violences volontaires avec invalidité, et ces policiers vont comparaître devant une cour d’assises », explique l’avocat. Hedi selon son conseil s’apprête de son côté à entrer en rééducation après avoir retrouvé son volet crânien à l’issue d’une opération fructueuse la semaine dernière.