Les santons reviennent faire la foire
L’incontournable foire aux santons ouvre ses portes demain à Marseille. Ils n’étaient que deux-trois santonniers en 1803, pour la première édition, à se réunir sur la Canebière. Aujourd’hui, 37 artisans « exclusivement provençaux » sont attendus avec leur© 20 minutes
L’incontournable foire aux santons ouvre ses portes demain à Marseille. Ils n’étaient que deux-trois santonniers en 1803, pour la première édition, à se réunir sur la Canebière. Aujourd’hui, 37 artisans « exclusivement provençaux » sont attendus avec leur collection de modèles d’argile. A chacun ses secrets de fabrique, ses personnages, sa technique. « Il n’y a pas d’école. Moi, je suis tombé dans la barrique d’argile quand j’étais petit », plaisante Claude Carbonnel, 63 ans dont 40 de métier. Seule règle d’or d’un bon artisan, le respect de la tradition. « Le public veut retrouver les mêmes personnages, assure-t-il. Tout le monde a essayé de faire rentrer des nouveautés dans la crèche. On a eu des footballeurs et même un cosmonaute, quand Gagarine est allé dans l’espace ! Le vrai santon, c’est le peuple de Provence, en habit du xviiie avec des métiers de l’époque. » En s’appuyant sur ces personnages de la pastorale, chaque artisan présente tous les ans deux ou trois nouveautés. « Nous sommes des créatifs dans un monde de tradition, note Claude Carbonnel. Par exemple, cette année, on a créé un teste-vin : c’est un bonhomme jovial, bien rond, avec un tonneau... C’est vieux comme le monde. Tout est dans la représentation. » Le tout pour arriver à des collections qui peuvent compter jusqu’à 100 pièces en fin de carrière. Les santonniers n’ont ensuite qu’un mois par an pour défendre leur travail. « C’est dur car on fabrique toute l’année pour ne vendre qu’à Noël, avoue Claude Carbonnel. Sur une centaine d’artisans provençaux, seuls les plus connus vendent toute l’année. » Certains doivent alors trouver un travail à côté pour pouvoir continuer. Bernard Paliai, lui, vit de son art. A 38 ans, il entame sa huitième année dans le métier. « Le côté saisonnier est difficile, mais c’est un métier tellement prenant, nuance-t-il. Il faut être à la fois artiste et technicien dans plein de domaines. Moi, je ne suis pas issu d’une famille de santonniers. Petit, je fréquentais la foire, ça me faisait rêver. Et puis un jour, j’ai basculé. » Stéphanie Harounyan