REINSTALLATIONQuatre ans plus tard, les forains et leurs étals sont de retour à la Plaine

Marseille : Quatre ans et « quelques péripéties » plus tard, les forains et leurs étals sont de retour à la Plaine

REINSTALLATIONQuatre ans qu’ils attendaient ce jour. Les forains (presque tous) et habitants du quartier ont (enfin) retrouvé leur marché à la Plaine après trois ans de travaux et une année d’imbroglios
Alexandre Vella

Alexandre Vella

L'essentiel

  • Quatre ans après les débuts des travaux, la place de la Plaine a retrouvé son marché de forains.
  • Il a fallu un an « de péripéties » entre la fin des travaux et le retour du marché.
  • Une vingtaine de forains, journaliers, n’ont pas encore pu retrouver leur place, une situation qui devrait se régler.

Soleil et lendemain de ramadan, il y avait foule ce mardi pour le retour du marché de la Plaine, à Marseille. Quatre ans que les quelque 200 forains, déplacés provisoirement sur les marchés du Prado et de la Joliette depuis le début des travaux de requalification de la place, attendaient ce jour sans cesse repoussé. Car l’inauguration de la Plaine nouvelle formule remonte à mai 2021, mais il a fallu une année de plus d’imbroglios pour voir le retour du marché. Une échéance régulièrement reportée au gré d’un ping-pong politique entre la métropole et la mairie dont Marseille a le secret. Entre-temps, les forains ont légèrement perdu patience et ont manifesté leur désarroi, bloquant une partie de la ville, pas plus tard qu’en mars dernier.

Quelques journaliers sur le carreau et une demande « d’indulgence »

Principale source de ce conflit : à l’issue des travaux, le plan ne prévoyait que 190 emplacements. « Nous sommes parvenus à monter à 223 places. Cela reste moins que l’ancienne configuration qui permettait d’aller jusqu’à 310 », fait remarquer Saya, vice-président d’un des quatre syndicats de forains. « Nous sommes très satisfaits de ce travail en bonne collaboration avec la mairie », s’est réjoui Titin, président d’un syndicat forain. Passé les réjouissances d’usage, et si, ce mardi, 223 vendeurs affichaient un large sourire derrière leurs étals de prêt-à-porter, d’accessoires ou de quincailleries, quelques-uns, laissés sur le carreau, n’étaient pas du même avis.

Priorité a été donnée à ceux qui disposaient déjà d’un emplacement attitré, par opposition aux « journaliers », au nombre d’une vingtaine, qui remplissaient les espaces laissés vacants. Une situation qui devrait se régler rapidement, à écouter les élus et responsables du marché, venus sur place. « Nous sommes heureux d’être là après quatre ans d’absence et quelques péripéties », a débuté Roland Cazzola, conseiller municipal délégué à l’espace public, pour qui il s’agit « d’une semaine de rodage » et demande « un peu d’indulgence ».

En l’état, Barded, un journalier, a été de ceux laissés sur le carreau : « Ça fait onze ans que je fais le marché avec ma mère. J’étais encore au collège quand je venais déballer et maintenant j’ai trois enfants », peste-t-il. « Le plan définitif du marché a été arrêté vendredi. Pour l’instant, ils remplissent les places et constatent les trous. Les journaliers seront placés ensuite, selon leur ancienneté », lui explique Saya.

La nouvelle place enfin dans sa configuration définitive

Certes, une poignée de scènes de tension ont émaillé cette matinée. Mais pas de quoi effacer les sourires retrouvés des commerçants et des badauds. Trois jeunes femmes s’amusent à l’essayage de lunettes de soleil. Plus loin, Martine, farfouille dans les robes d’été et échange des amabilités avec le forain, qu’elle connaît un peu, visiblement. « Ça m’avait manqué et ça fait vivre le quartier. » Fadjila, qui déambule avec sa mère, a déjà plusieurs sacs autour du bras. « On ne se repère pas encore très bien, mais on regarde et si on flashe, on se fait plaisir », résume-t-elle.

Personne, ici, ne viendra regretter l’ancienne place qui était avant tout un parking. Si c’est mieux ? « Pardi, bien sûr », commente Alain, ce vieux Marseillais en chapeau haut de forme et costume trois-pièces en train de passer une nouvelle ceinture tout en tendant un billet de 5 euros au vendeur. « C’est une place qui redevient une place plaisir », a salué Pierre Benarroche, l’un des trois maires de secteur dont dépend la place. « Enfin, nous sommes dans la configuration définitive de cette nouvelle place. C’est un nouveau démarrage », a embrayé son confrère Didier Jau. Et dans ce nouveau démarrage, la prochaine étape est de pousser un peu les murs pour trouver une vingtaine d’emplacements supplémentaires pour ce marché qui se déroule trois fois par semaine (mardi, jeudi et samedi).