SOCIAL« La tendance est catastrophique » en matière de mal-logement en Paca

Paca : « En matière de mal-logement, la tendance est absolument catastrophique », selon la Fondation Abbé-Pierre

SOCIALTrois ans après le drame de la rue d'Aubagne, la situation en matière de mal-logement en région Paca demeure inquiétante selon la fondation Abbé-Pierre
Mathilde Ceilles

Mathilde Ceilles

L'essentiel

  • Selon la fondation Abbé-Pierre, la tendance en matière de mal-logement en Paca est « absolument catastrophique ».
  • La fondation Abbé-Pierre note notamment une hausse de la pauvreté, et déplore un manque criant et accru de logements sociaux.
  • La crise de l’habitat indigne dans ce contexte reste d’actualité, notamment à Marseille.

Trois ans après, malgré les polémiques et les cris d’alarme, la crise est encore d’actualité, et ce, dans toute la région Paca. Ce jeudi, lors de la présentation de son rapport annuel sur l’état du mal-logement en France, la fondation Abbé-Pierre​ a dressé un inquiétant état des lieux sur le sujet dans la région, à l’approche du troisième anniversaire du drame de la rue d’Aubagne.

« La tendance est absolument catastrophique en Paca », déplore Florent Houdmon, directeur de l’agence régionale de la fondation Abbé-Pierre en Paca. Dans une région où le taux de pauvreté a cru d’un point en dix ans, contre 0,5 en France « les loyers du parc privé ont augmenté deux fois plus vite à Marseille et Nice qu’à Paris ou Lille » Et pourtant, y compris à Marseille, « aucune métropole de la région n’a mis en place l’encadrement des loyers », déplore Florent Houdmon.

Baisse de production de logements sociaux

Selon ce rapport, malgré ce contexte tout particulier les déficits en logements accessibles aux plus pauvres restent criants. Dans une région déjà peu exemplaire en la matière, la tendance de production de logements sociaux est à la baisse, avec, en 2020, 7.301 logements sociaux financés dans la région, contre 9.965 l’année précédente et 10.773 en 2019. Pas moins de 34 communes des Bouches-du-Rhône, majoritairement au sein de la métropole d’Aix-Marseille, sont ainsi carencées au titre de la loi SRU, selon le rapport de la Fondation Abbé-Pierre.

Et la ville de Marseille enregistre à elle seule près de la moitié des demandes de logement social dans le département des Bouches-du-Rhône. « Marseille est dans le top 10 des villes françaises en matière de tension d’accès au logement social », note Florent Houdmon. Principale conséquence : la crise de l’habitat indigne est toujours de mise dans la deuxième ville de France.

Des logements surpeuplés

« Dans les quartiers Nord de Marseille, près de 25 % des logements sont surpeuplés », rappelle Florent Houdmon. Et de lancer un appel : « Sur l’habitat indigne, ce qui est compliqué, c’est qu’on n’a pas résolu en trois ans les problèmes structurels qu’il y avait avant. On avait dit, à l’époque du drame de la rue d’Aubagne, que si on avait un plan extrêmement très ambitieux de lutte contre l’habitat indigne qui tient tous les bouts de la chaîne, en dix ans, c’est possible de le résorber. »

Or, à en croire Florent Houdmon, les pouvoirs publics peinent à se montrer à la hauteur de l’enjeu. « J’entends le président de la République venir réaffirmer il y a quelques jours un objectif de 10.000 logements réhabilités par la puissance publique sur les 40.000 taudis que compte la ville de Marseille, rappelle-t-il. Il y a le pari, en filigrane, que si la puissance publique intervient sur 10.000 logements, cela aura un effet d’entraînement pour inciter les 30.000 autres propriétaires. C’est un vœu pieux. »

Dans son rapport, la fondation Abbé-Pierre rappelle qu’en 2019, « à peine 20 % des objectifs régionaux de rénovation de logements indignes ou très dégradés occupés par des propriétaires occupants ont pu être maintenus. » Pour autant, « les choses bougent depuis quelques mois », veut croire Florent Houdmon. Il y a quelques semaines, soit deux ans et demi après sa création, la SPLAIN, cette société censée piloter la rénovation du centre-ville de Marseille, a en effet, enfin, recruté un directeur à sa tête.