REPORTAGEA Marseille, la Cité de la Savine dans « l'angoisse » de la légionellose

Marseille : Dans la Cité de la Savine, « l'angoisse » de la légionellose

REPORTAGEUne résidente est décédée cet été des suites de cette infection, suicitant l'inquiétude des habitants et la méfiance envers l'eau du réseau. Certains n'osent plus prendre de douche chaude.
Alexandre Vella

Alexandre Vella

L'essentiel

  • Une femme est décédée le 15 juillet d'une infection de légionellose à la Cité de la Savine.
  • Cette bactérie se développe dans l'eau, à des températures supérieures à 25 degrés.
  • Le bailleur social a distribué des pommeaux de douches filtrants aux habitants de l'immeuble concerné et chloré l'eau.

«Je ne sais pas, moi j’habite à Marseille », renseigne un homme devant l’école de la Cité de la Savine, dans le 15e arrondissement de la ville. Myriam, elle sait. Elle habite le bâtiment E de la résidence de la Couronne dans la Savine, « construit il y a quatre ans », indique-t-elle. Ce même bâtiment où Chamis, décrite comme « une dame âgée à la santé fragile, souffrant de diabète », est décédée le 15 juillet dernier d’une infection de légionnellose, une bactérie pouvant se développer l’eau.

« On nous a distribué des pommeaux de douche et des affichettes ont été placardées dans les halls ». Celle datée du 16 août énonce : « Suite à la chloration de l’eau chaude sanitaire, les analyses de votre réseau révèlent un taux de légionelles conforme pour 6 points de puisage sur 7, attestant de l’efficacité du traitement ».

La douche froide contre la bactérie

Pour autant, ces annonces ne sont pas de nature à rassurer les habitants qui éprouvent une méfiance prononcée pour leur eau. Comme Myriam, Hakim ne boit « plus que de l’eau minérale depuis juillet, et il faut descendre en bus pour trouver un commerce », explique-t-il. Pour d’autres cette méfiance ne date pas d’hier. Linda ne boit plus que l’eau minérale depuis 10 ans. Coco, une jeune mère qui a grandi dans ce grand ensemble niché sur une colline, n’a toujours bu que ça ; ses parents n’ont jamais eu confiance.

« On vit dans l’angoisse », poursuit Saloma qui ne se douche plus qu’à l’eau froide, la légionellose se développant à partir de 25 degrés. Avec une dizaine d’autres résidents du bâtiment, ils envisagent une action en justice contre Logeam, le bailleur social. « Nous avons contacté maître Slimani, qui s’occupe aussi d’Air-Bel – une autre Cité qui également connue un décés dû à la légionellose en 2017 », renseigne Rachida Tier, présidente de l’association Alliance Savinoise. Et pour nourrir le dossier, les résidents entendent produire des analyses urinaires pour mesurer leur taux de légionelle. « Mais le bailleur est à l’écoute, estime Rachida. Un petit-déjeuner d’information auprès des habitants qui sont inquiets et connaissent mal cette maladie est prévu avec des responsables de Logeam dans les prochains jours. »

Un taux 750 fois supérieur à la norme

Informé le 8 juillet par l’ARS d’un cas de légionellose, elle-même avertie par un médecin de cette « maladie à déclaration obligatoire », précise l’autorité de santé, le bailleur a commandé des prélèvements. « Sur certains points, lors des premières analyses réalisées les 12 et 13 juillet (c’est-à-dire avant le démarrage de la chloration) un taux de 750.000 UFC/L a été relevé », rembobine le bailleur. Un taux très élevé en regard du niveau « conforme » qui doit se situer en dessous de 1.000 UFC/L. Le réseau d’eau a été chloré le 28 juillet stoppant « le processus de prolifération des bactéries », indique Logirem qui poursuit actuellement « le travail nécessaire » et les analyses de contrôle.