Marseille : En pleine polémique sur les cantines, Benoît Payan dégaine une « commission d’enquête » sur les écoles
EDUCATION•Alors que la polémique sur la gestion erratique des cantines enfle à Marseille, le maire a ordonné une commission d’enquête sur l’état des écoles de la cité phocéenneMathilde Ceilles
L'essentiel
- La question des cantines à Marseille, en grève à répétition ces derniers jours, électrise le débat.
- Face à la polémique, le maire Benoît Payan a ordonné la mise en place d’une commission d’enquête.
- Un énième état des lieux pour les parents d’élèves qui demandent du concret et, notamment, des recrutements.
Le rapport a été ajouté à la toute dernière minute, ce dimanche dans la soirée, en pleine polémique, et adopté à l’issue d’un conseil municipal houleux et long de douze heures. Entre des repas servis à des heures tardives en raison du protocole sanitaire des grèves à répétition des agents qui prennent en charge les enfants, le sujet des cantines est devenu ces dernières semaines à Marseille hautement épineux pour le maire socialiste de la ville Benoît Payan.
Alors, ce dimanche, dans la soirée, Benoît Payan a voulu se montrer dans l’action, en annonçant sur les réseaux sociaux l’ouverture d’une commission d’enquête sur les écoles marseillaises, dans un rapport adopté à l’unanimité ce lundi soir.
« Faire la lumière sur ce qui s’est passé pendant 25 ans »
« La semaine dernière, jusqu’à 120 cantines scolaires étaient fermées, estime le maire à l’occasion d’un point presse improvisé lors de la pause déjeuner du conseil municipal. La situation devient intenable. » Et d’ajouter : « Nous avons hérité d’une situation catastrophique notamment dans les services de l’éducation. Cette commission d’enquête va permettre de faire la lumière sur ce qui s’est passé pendant 25 ans autour des écoles à Marseille, notamment autour de la délégation de service public confiée à la Sodexo » pour la restauration scolaire.
Composée d’élus de la majorité et de l’opposition, cette commission d’enquête vise à « réorganiser les services de l’éducation » de la ville de Marseille. Selon Benoît Payan, des premières réponses seraient rendues « après les vacances de février », dans l’espoir d’avoir « un service des cantines en état de fonctionnement à partir de septembre ».
« Un énième audit »
Une proposition qui ne convainc pas les parents exaspérés par la situation. « C’est une énième commission d’enquête, un énième audit, soupire Séverine Gil, présidente de l’association de parents d’élèves MPE13. Mais les choses empirent aujourd’hui de façon grave. La violence est en train de monter. Il y a une exaspération des parents. » La précédente majorité avait en effet lancé un audit sur l’état des écoles marseillaises, en plus de celui piloté par l’Etat.
Et de s’inquiéter : « Si les cantines ferment tous les jours, une fois parce qu’il y a une grève, une fois parce que les agents sont malades, les parents ne peuvent plus aller bosser. Et les gens pètent un plomb. »
« Il nous faut des recrutements »
Après des mois de négociation et un vote retardé, un rapport controversé qui encadre le droit des grèves des « tatas », phénomène récurrent à Marseille, a été adopté ce lundi. Et ce, malgré l’opposition d’une partie de la majorité, mais aussi de la FSU, de la CGT et du collectif des écoles de Marseille qui manifestaient contre ce projet ce lundi devant le conseil municipal, au nom de la préservation du droit de grève.
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« Si on fait une commission d’enquête face à la colère, on se met le doigt dans l’œil, s’agace Séverine Gil. Ce n’est pas une solution pour faire face à la crise actuelle. Il nous faut des recrutements en urgence ! » Interrogé sur le sujet par la presse, le maire s’est engagé sur un plan pluriannuel de recrutement dans les écoles… sans en préciser les contours, alors que la ville fait face à d’importantes déconvenues budgétaires.