Marseille : La mairie trouve un nouvel accord avec les syndicats sur la grève dans les écoles
SERVICE PUBLIC•Il devrait être soumis au vote lors du prochain conseil municipal, lundiCaroline Delabroy
L'essentiel
- L’accord trouvé avec les syndicats FO, CFE CGC-CFTC et l’Unsa diffère quelque peu du premier signé fin décembre, mais non soumis au vote du conseil municipal après la démission de Michèle Rubirola.
- Des parents ont manifesté ce mardi devant une école pour appeler au dialogue entre les « tatas » et la mairie, et trouver des solutions aux grèves à répétition, aggravées par l’application du protocole sanitaire.
Cette fois-ci, c’est sans doute la bonne. Un accord visant à limiter les grèves dans les cantines scolaires à Marseille devrait être soumis au vote du prochain conseil municipal, le 8 février prochain, de source syndicale. Le précédent, signé fin décembre avec FO et la CFE-CGC-CFTC, avait été enlevé in extremis de l’ordre du jour du dernier conseil municipal de décembre, après la démission de Michèle Rubirola.
Entre-temps, le texte a quelque peu été remanié. Un agent en grève ne perdrait plus toute sa journée de salaire. « Benoît Payan nous a dit qu’il n’est pas contre la grève, il sera possible d’exercer ce droit à la demi-journée », indique ainsi Josselyne Cozzolino, secrétaire général de l’Unsa, syndicat qui a rejoint les signataires. Concrètement, selon elle, ce n’est qu’au-dessus de trois heures et demie de grève, qu’une journée entière serait décomptée dans le salaire.
L’accord entérinerait aussi les taux d’encadrement qui se pratiquent actuellement à Marseille pour assurer le temps de cantine : « Un agent pour 30 enfants de maternelle et 60 enfants de primaire », selon l’Unsa. En dessous de ce quota, pour cause de grève ou d’absences du personnel, la cantine doit fermer, sans possibilité de pique-nique.
« C’est loin de me rassurer ! »
« C’est le plus bas de France, et cela ne correspond même pas à la norme Afnor qui préconise un adulte pour 12 enfants de maternelle, et 24 enfants en primaire », dénonce Cécile Baron, membre du collectif des écoles de Marseille. Pour elle, cet accord, pas plus que le précédent, n’est une réponse adaptée : « Ce n’est pas en cachant les problèmes qu’on les résout. Si les agents n’ont plus la possibilité de dénoncer le fait que nos enfants ne sont pas en sécurité pendant la pause méridienne, c’est loin de me rassurer ! La grève, les agents ne la font pas par plaisir. »
« Ce n’est pas un bon message diffusé aux agents, estime aussi Yannis Darieux, secrétaire général FSU ville de Marseille, qui a refusé de signer le protocole. Il manque 2 à 3 agents en moyenne par école, le problème il vient de là, c’est entre 1.000 et 1.500 agents qu’il faudrait recruter ». Pour le moment, la ville informe que 445 agents ont été recrutés, tous statuts confondus, et 128 autres embauches sont à venir.
« 17 jours de grève »
Sur le terrain, les grèves continuent de rythmer le quotidien de nombreuses familles. Dans différents quartiers, des parents disent leur ras-le-bol, comme ce mardi devant l’école Leverrier, dans le 4e arrondissement de Marseille. Ils ont décidé eux aussi de se mettre en grève. Une pancarte dénonce « 17 jours de grève de cantine, sur 46 jours d’école depuis la Toussaint ». « Ce qui m’embête, c’est que l’on a aucune information pour juger, objectiver la situation, sur le taux d’encadrement, le déroulement de la journée d’une tata, j’ai l’impression que les parents sont utilisés par toutes les parties, et qu’ils n’arrivent pas à dialoguer », se désole Marion, une maman d’élève.
Un papa confie, navré : « On ne sait même pas pourquoi elles font grève ». Un autre se soucie : « On n’est pas là contre les tatas, mais pour qu’un dialogue existe avec la mairie, et que des solutions soient trouvées. » Sous les vivats des enfants, la discussion s’engage avec l’élue aux écoles de la mairie de secteur, Odile Tagawa, venue à la rencontre des parents, avant de voir les « tatas ». Ils ont des solutions à proposer, comme l’organisation de pique-nique dans la cour les jours de grève, surveillés par des parents venus en renfort. L’annonce du nouveau protocole, pour le moment, n’apaise pas les inquiétudes. « Cela fait des années qu’il manque du personnel », lâche, quelque peu désabusé, l’un d’eux.