Marseille : « Il n’y a plus d’argent dans les caisses », Benoît Payan n’exclut pas d’augmenter les impôts
POLITIQUE•Le maire socialiste de Marseille affirme que la situation financière de la ville est catastrophique, et n’exclut pas une hausse des impôts dans une ville très pauvreMathilde Ceilles
L'essentiel
- Le maire de Marseille Benoît Payan a présenté les conclusions de l’audit financier de la ville.
- Les conclusions sont inquiétantes, avec un risque de cessation de paiement.
- Pour y faire face, Benoît Payan étudie toutes les solutions, y compris une hausse d’impôts.
«Il n’y a plus d’argent dans les caisses. » La phrase claque dans l’hémicycle Bargemon. Ce mardi, le maire socialiste de Marseille Benoît Payan, a présenté les conclusions inquiétantes de l’audit sur les finances de la deuxième ville de France. Une promesse de campagne du Printemps marseillais.
« Les finances sont dans le rouge », clame le maire. En novembre 2019, la chambre régionale des comptes avait déjà dressé un bilan au vitriol de la gestion de l’ancien maire Jean-Claude Gaudin (LR), à la tête de la ville pendant un quart de siècle. « Mais son analyse s’arrêtait aux comptes de 2017 », affirme l’adjoint au budget Joël Canicave, selon qui la situation a encore empiré les trois années suivantes.
De l’argent « gaspillé »
Le principal point noir pointé par l’audit, réalisé par le cabinet Deloitte, porte sur la capacité très limitée d’investissement de la ville, plombée par une dette chiffrée fin 2020 à 1,54 milliards d’euros. Fin 2019, selon l’audit, la ville ne disposait dans ses caisses que de 13 millions d’euros pour investir. En 2020, sa capacité d’autofinancement est même négative, à moins 20 millions d’euros, selon Joël Canicave. La crise sanitaire a un peu plus plombé la situation, avec des dépenses supplémentaires chiffrées à 100 millions d’euros.
Une situation que l’ex chef de file de l’opposition socialiste au conseil municipal impute à l’ancienne majorité. « A Marseille, l’argent emprunté depuis trente ans a été gaspillé, jeté bradé », tance-t-il. Le maire dénonce notamment les « dépenses paillettes » engagées par Jean-Claude Gaudin, comme la patinoire, dont l’entretien annuel coûte 1,5 million d’euros.
« Si nous ne faisons rien, c’est le mur »
Pour y remédier, le maire promet « d’arrêter les dépenses faites à tort et à travers », et de « faire la chasse au gaspillage, au superflu ». Benoît Payan compte aussi sur des aides extérieures, en particulier de l’Etat qu’il souhaite rencontrer, notamment pour pouvoir mener à bien sa promesse d’injecter 1 milliard d’euros dans la rénovation des écoles de Marseille.
« Si nous ne faisons rien, c’est le mur. La ville de Marseille sera en cessation de paiement. » Alors, Benoît Payan étudie toutes les options… y compris une hausse d’impôt, dans l’une des villes les plus pauvres de France. Déplorant « des marges de manœuvre fiscales extrêmement étroites », « avec une taxe d’habitation injuste que tout le monde paie en laissant la taxe foncière, l’une des plus faibles de France, dans un état végétatif », le maire a laissé cette question en suspens. « On ne fera rien qui abîme violemment le tissu social marseillais, promet-il. Pour autant, j’ai besoin d’y voir clair. » Une question qui ne manquera pas d’agiter le conseil municipal ce lundi, lors duquel est prévu le débat d’orientation budgétaire, avant le vote du budget fixé au 22 mars.