PUNAISES DE LITUn service public pour éradiquer les punaises de lit jugé « irréaliste »

Marseille : Un service municipal d’éradication des punaises de lit ? « C’est irréaliste », selon la mairie

PUNAISES DE LITPour mettre fin à ce fléau que sont les punaises de lit, particulièrement présentes à Marseille, la nouvelle municipalité mise plus sur l’information que sur un service municipal d’éradication
Mathilde Ceilles

M.Cei.

L'essentiel

  • La ville de Marseille dispose d’un arsenal d’outils pour lutter contre les punaises de lit, comme les chiens renifleurs.
  • Mais elle estime impossible de les mettre à disposition des Marseillais, contrairement à ce que préconisait récemment un rapport parlementaire sur le sujet.

Avec sa truffe aguerrie, Iggy renifle les moindres recoins de la pièce. Soudain, il s’agite et s’assoit, signe qu’il a trouvé une punaise de lit, ou du moins le leurre olfactif utilisé par son maître pour s’entraîner, derrière le rideau du centre d’animation municipal des Lices, dans le septième arrondissement de Marseille. Depuis plus de cinq ans, la société Eco-flair a passé un marché avec la ville pour mettre à disposition de ses chiens ​ entraînés à la détection de ces bestioles envahissantes.

Un système efficace qui complète l’arsenal d’outils de la mairie en la matière, mais qui reste réservé aux bâtiments publics, tandis que, à Marseille comme ailleurs, les particuliers doivent faire appel à des professionnels souvent coûteux pour éradiquer ce qui est devenu un fléau dans la deuxième ville de France. « Faire prendre en charge toute la problématique d’éradication des punaises de lit à Marseille par la municipalité serait totalement irréaliste, matériellement comme financièrement », affirme Patrick Amico, adjoint en charge de l’habitat indigne, en marge d’une démonstration de chiens renifleurs organisée ce jeudi. Et d’ajouter : « Ce n’est pas le rôle de la ville de s’occuper de cette question dans le privé, la ville le fait quand c’est dans ses bâtiments. »

Une « maison des nuisibles »

C’était pourtant l’une des recommandations de la députée marseillaise LREM Cathy Racon-Bouzon, à l’origine d’un rapport parlementaire écrit il y a quelques mois sur les punaises de lit. « La ville de Marseille a un service public qui gère la question des nuisibles, ce qui est déjà énorme par rapport à d’autres villes, indique la parlementaire. Ils ont un contrat pérenne avec cette société, ce qui permet d’intervenir très vite. Maintenant, dans mon rapport, je recommande d’aller un cran plus loin, en faisant notamment des interventions chez des particuliers ou en prêtant et louant du matériel. »

En lieu et place, Aïcha Guedjalli, nouvelle conseillère municipale déléguée à la lutte contre l’habitat insalubre et les nuisibles, préfère miser sur l’information, à travers un projet de « maison des nuisibles », qui serait porté par une association. « Nous en sommes sur ce projet à une phase de travail, tempère Aïcha Guedjalli. Cette maison permettrait de donner des informations aux Marseillais sur les nuisibles, en particulier les rats et les punaises de lit. » Et ce ne sera pas qu’une question d’informations, promet Patrick Amico. « On pourra aussi mettre en rapport les Marseillais avec des entreprises qui travaillent sur le sujet. »

« Informer, c’est bien, mais à quoi ça sert de donner des informations qu’on peut trouver sur Internet s’il n’y a pas de moyen d’action derrière », s’interroge la chef de file LR au conseil municipal Catherine Pila. « La ville n’est pas à ce niveau de maturité, mais informer est déjà une bonne étape », tempère Cathy Racon-Bouzon. Un rendez-vous entre la conseillère municipale et la députée va être prochainement organisé, à la demande de la mairie, au sujet de la lutte contre les punaises de lit.