Vaccination à Marseille : La campagne démarre dans les hôpitaux
PANDEMIE•L’AP-HM a procédé à la première vaccination des soignants marseillais contre le coronavirus ce mardiMathilde Ceilles
L'essentiel
- L’AP-HM a vacciné ses premiers soignants contre le coronavirus ce mardi, dont Michèle Rubirola, désormais présidente du conseil de surveillance des hôpitaux marseillais
- Jusqu’ici, les doses tardaient à venir : l’AP-HM n’a reçu ses 15.000 doses que mardi dans la matinée.
«J’ai peur des piqûres, alors je ne vais pas regarder. ». Au deuxième étage du bâtiment qui préside le site de la Timone, celui réservé à la médecine du travail, Michèle Rubirola a des airs enfantins. Pour sa première sortie publique depuis sa démission, l’ancienne maire de Marseille, désormais première adjointe en charge de la santé et présidente du conseil de surveillance de l’Assistance Publique des Hôpitaux de Marseille (AP-HM), s’apprête à faire partie des premiers soignants marseillais à se faire vacciner contre le coronavirus, quelques heures après que l’AP-HM a reçu les premières doses du précieux sésame.
« On m’a dit que tu étais contre les vaccins », lance, taquin, Jean-Olivier Arnault, président du directoire de l’AP-HM, qui vient de recevoir sa dose. Dans un tweet de 2018 qui avait refait surface durant la campagne électorale, la médecin des quartiers Nord avait soutenu les professeurs Joyeux et Montagnier dans leur campagne contre les vaccins obligatoires. L’ancienne maire s’agace. « Je n’ai jamais dit ça. J’ai dit que j’étais contre le fait d’injecter onze vaccins en une seule fois chez un nouveau-né. Mais tous mes enfants sont vaccinés. ».
Des doses de vaccin qui se sont fait attendre
Et de lancer : « Pour ce vaccin, j’ai pris le temps de la réflexion. J’ai consulté autour de moi des copains compétents. Et le bénéfice est supérieur au risque. Je suis une médecin de plus de 50 ans, avec des pathologies, et je dois rester en forme. J’ai encore des charges familiales ! » L’ancienne maire fait en effet face à d’importants problèmes de santé qui l’ont poussé à la démission.
Comme elle, une centaine de soignants de l’AP-HM se sont fait vacciner ce mardi, après plusieurs jours d’attente quelque peu chaotiques. « On m’avait annoncé l’arrivée des doses la semaine dernière, confie Pierre Bertrand-Perres, pharmacien et chef de service à la Timone. Le ministère de la Santé était persuadé que j’en avais reçu 5.000. Mais je n’avais rien avant ce matin. C’était pas bien malin de faire ça entre Noël et jour de l’an, tout le monde est en vacances… Mais bon. » Le pharmacien sort sa calculette. « On a reçu finalement 14.625 doses et on va en avoir 9.700 par semaine. Ça fait quand même des munitions ! »
Une campagne organisée en quelques jours
En quelques jours seulement, l’AP-HM a dû organiser la campagne de vaccination possible pour ces soignants. « Nous avons 123 supercongélateurs à l’AP-HM, et on nous a doté d’un dédié à la vaccination, explique Pierre Pinzelli, secrétaire général du CHU marseillais. Nous en avons aussi deux de secours. Nous réceptionnons les doses que nous répartissons ensuite entre les pharmacies de nos quatre sites. » Près de 5.000 personnes travaillant à l’AP-HM peuvent prétendre à la vaccination, soit un tiers de l’effectif total. « Mais nous savons que nous n’aurons pas du 100 % », affirme Pierre Pinzelli.
Lionel Velly, lui, n’a pas hésité une seconde à se faire vacciner. Depuis mars dernier, ce médecin anesthésiste réanimateur dans une unité Covid de la Timone est aux premières loges, malgré lui, de l’épidémie. « Quand on voit les dégâts de cette maladie sur nos patients en réanimation…, soupire-t-il. Des gens de 45 ans ! On peut être sceptique sur le changement climatique, mais contre le coronavirus, on n’a pas d’autres solutions que le vaccin… » Selon l’agence régionale de santé, le taux de positivité en région Paca est en hausse cette semaine : 6,5 % contre 3,5 % la semaine dernière.