Marseille: Un centre-ville plus apaisé au détriment de la périphérie de la ville
AMENAGEMENT•La métropole d’Aix-Marseille a présenté les travaux de requalification de deux axes majeurs de Marseille pour un centre-ville plus apaiséAdrien Max
L'essentiel
- La métropole d’Aix-Marseille a lancé des travaux de requalification de deux axes majeurs du centre-ville.
- Le but est d’apaiser le centre-ville en développant des modes de transports actifs, la marche et le vélo notamment.
- Mais selon Greenpeace, la création d’un boulevard urbain sud vers les plages du sud de Marseille est en opposition totale avec la requalification du cours Lieutaud et du Jarret.
Marseille se transforme. Et notamment à travers ses deux principaux axes urbains, le cours Lieutaud qui sépare le quartier de Noailles de celui du cours Julien, et le Jarret, jusqu’alors considéré comme le « périphérique » de Marseille. L’ouverture de la rocade L2 permettant de désengorger (un peu) le centre-ville, la métropole a décidé de lancer les travaux de requalification de ces axes majeurs.
Le cours Lieutaud, de la Canebière jusqu’au boulevard Baille va subir un changement radical puisque seulement deux voies de circulation seront conservées, contre quatre actuellement. « A cause du tout voiture dans les années 1950, le cours Lieutaud avait été transformé en axe à quatre voies, faisant disparaître les 186 platanes sous lesquels les passants pouvaient déambuler. Il va retrouver cet aspect », détaille Laure de Buzon du cabinet Tangram Architectes.
« Redonner de l’espace aux mobilités douces »
Des voies supplémentaires seront conservées au niveau des principaux carrefours pour décongestionner la circulation, et des pistes cyclables vont être créées sur toute la longueur de l’axe. Et 130 platanes seront plantés. « Le trafic autoroutier devrait passer entre 18 et 22.000 voitures par jour contre 26.000 actuellement. Il ne s’agit pas d’une très forte baisse mais l’objectif est d’améliorer les croisements », détaille le responsable des études de circulation.
Une large place sera conservée pour les vendeurs de deux roues, l’une des identités de cet axe. Mais aucune voie de bus spécifique n’est créée. « Il n’existait pas de ligne qui circulait sur cet axe jusqu’à présent puisque le métro passe en dessous. Nous allons en créer une, avec des arrêts de bus dédiés, mais il n’y avait pas de besoin spécifique en termes de voie réservée », explique Martine Vassal, la présidente de la métropole et du département.
La requalification du Jarret vise le même objectif : « redonner de l’espace aux mobilités douces par la création de pistes cyclables et de cheminements piétons ». Cette fois, l’amélioration des services de bus est partie intégrante du projet, mais les 2x2 voies sont conservées. La mise en service complète de cet axe est prévue pour la fin 2021 pour un coût de 60 millions d’euros. Le cours Lieutaud sera quant à lui achevé début 2021 après l’engagement de 13.3 millions d’euros.
Des projets en contradiction
« Ces travaux vont dans le bon sens. Le développement des modes actifs ne peut être qu’une bonne chose. Comme la replantation d’arbres qui tranquillisent les citoyens et sont les bienvenus lors des fortes chaleurs », considère Florian Bessière, référent climat et transport à Greenpeace.
Selon lui le problème concerne la création du boulevard urbain sud, « le prolongement naturel de la L2 jusqu’à la mer » selon la métropole, en opposition totale avec les projets de Lieutaud et du Jarret : « Ce nouveau boulevard urbain sud va engendrer des nuisances et de la pollution. Il encourage le tout voiture ce qui est contradictoire avec ce qui est entrepris dans l’hypercentre. » Il souhaiterait l’arrêt de ce projet chiffré à 250 millions d’euros, avec l’intégration de lignes de bus réservées pour une meilleure mobilité. Ou le développement de moyens de transport : « Avec un tel coût, imaginez ce qu’il est possible de développer… »